Regardez autour de vous ! Sauf si vous êtes en pleine forêt, il est probable que vous soyez entouré d'objets, de nature diverses, fabriqués à base de pétrole.
Le plastique a envahi l'ensemble des activités humaines. Habillement, ameublement, loisirs, sports, électro-ménagers : il est présent partout. Sa principale qualité est aussi son défaut le plus terrible : stable et solide, il se diffuse dans nos océans et dans nos organismes.
Si les premiers plastiques industriels ont été fabriqué à partir du lait (la galalithe), à partir des années 30, ils seront presque exclusivement construit à partir d'hydrocarbures, principalement le pétrole.
Car le plastique est révélateur de l'évolution de nos sociétés : sans que nous nous en rendions compte, nous sommes devenus dépendants du pétrole qui a envahit l'ensemble des activités humaines: un kilogramme de boeuf "coûte" 2 litres de pétrole, 1 kilomètre d'autoroute 60 000 litres et chaque européen en consomme en moyenne 4,5 litres par jour.
Bien entendu, la principale utilisation concerne l'alimentation de nos moteurs à explosion. Et sur ce point, malgré des recherches incessantes, nous n'avons pas réussi à remplacer l'efficacité énergétique de l'essence: électricité, hydrogène, air comprimé, aucun n'a autant de qualités.
Aucune autre énergie n'est capable de propulser un véhicule d'une tonne sur un millier de kilomètres, à grande vitesse, avec un combustible pesant une soixantaine de kilogrammes.
Le pétrole est devenu indispensable car il a suffi de le prélever dans le sous-sol. Il y était présent en grande quantité. Il suffisait de le trouver et il jaillissait !
Autant de qualité pour un produit abondant et bon marché : toutes nos sociétés se sont développés autour de lui. Transports, chauffage, objets du quotidien, il a tout envahi au point que nous l'oublions.
Nous avons l'impression qu'il a toujours existé, comme un fidèle serviteur, toujours présent et efficace, toujours disponible et corvéable. En somme, mais avec davantage d'efficacité, le pétrole joue dans nos vies, le même rôle que jouait l'esclave pour le citoyen romain.
Nous ne pouvons plus nous passer de lui : le pétrole est devenu une addiction générale.
Et pourtant, nous savons tous que ce produit miraculeux va disparaître. Mais comme nous ne savons pas quand, nous continuons à en profiter, nous ne nous préparons pas vraiment à son extinction.
Le sujet est controversé : En 1970, les réserves de pétrole, publiées par les compagnies pétrolières, représentaient 72 milliards de tonnes de pétrole, soit 30 fois la consommation annuelle de l'Humanité. Il était légitime de penser que nous aurions des problèmes vers l'an 2000.
Or, nous en avons consommé depuis 125 milliards ! Et les compagnies pétrolières nous annoncent maintenant 180 milliards de réserve !
Comme si le pétrole se renouvelait tout seul !
Dépendants aux hydrocarbures comme nous le sommes, nous ne croyons donc plus aux prophètes de malheur qui nous prédisent sa fin.
Que s'est-il passé en réalité? Le prix du pétrole aujourd'hui est 30 fois supérieur au prix de 1973. Cette évolution des prix et de la technologie a permis de trouver de nouvelles réserves et d'aller plus loin : l'exploitation pétrolière en mer profonde n'existait pas et c'est là que se trouvent les gisements les plus importants.
Mais en 70, seuls les habitants des pays développés étaient des consommateurs assidus. Aujourd'hui, et à l'avenir, l'ensemble des populations du globe vont devenir dépendants.
Nous allons donc bien atteindre le pic pétrolier tant redouté et annoncé. Mais nous allons l'atteindre quand? Même si le sujet fait débat, les estimations raisonnables sont de 40 ans de réserve. Mais il ne s'agit pas de 40 ans de tranquillité. Car, de plus en plus, nous allons être de plus nombreux à vouloir d'une ressource miracle de plus en plus rare.
Les prix vont donc continuer à monter. Or, toute à notre addiction, nous ne nous rendons pas compte du coût colossal de notre dépendance.
Prenons le cas de la France, depuis des années, elle subit une balance commerciale déficitaire. Or le seul responsable de cette perte est le pétrole. Pour l'année 2009, sur 50 milliards de déficit, 40 milliards sont imputables aux hydrocarbures.
La France perd donc chaque année 40 milliards à cause du pétrole. Rêvons un peu: imaginons que nous puissions nous en passer, convertissons ces économies en emplois pérennes. Nous pourrions créer alors 200000 emplois !
Le pétrole nous a rendu complétement accro et il se prépare à nous ruiner, si nous ne faisons rien, si nous ne trouvons pas les solutions cohérentes et globales pour y répondre.
Pour aller plus loin sur cette question: Faut-il se préparer à la fin du pétrole?