Magazine Moyen Orient

Le crépuscule des révolutions Facebook

Publié le 21 juillet 2011 par Jcharmelot

A mesure que la réalité reprend ses droits dans les pays arabes, une constante historique s’impose: une révolution a besoin d’une idéologie pour survivre, et pour apporter le changement. Et lorsquelle n’est définie que par ses moyens d’action elle rejoint rapidement le chapitre des illusions ou des manipulations.

Il en est ainsi pour les révolutions Facebook ou Twitter, les révoltes inspirées par les réseaux sociaux, animées par des générations de jeunes, adeptes des nouvelles technologies et passés maîtres dans l’usage d’internet et de Youtube. Elles ont, nous ont expliqué les experts et les commentateurs, balayé les tyrans en Tunisie et en Egypte; elles menacent les dictatures en Syrie et au Yémen. En somme, plus un seul autocrate ne serait à l’abri des tempêtes qui se lèvent dans le cyber-space auquel le monde arabe n’a pas pu échapper.

Cette lecture des évènements est bien pratique, et elle arrange tout le monde. L’Occident qui a fait des avancées technologiques, et du profit, la mesure du progrès et qui considère la consommation comme l’aune à laquelle mesurer la plénitude d’une vie, ne peut que s’en réjouir. Les médias occidentaux ont salué d’une seule voix ces victoires de la communication citoyenne en soulignant à l’envie que les révoltes arabes n’avaient pas de chef,  n’avaient pas de référence idéologique, et passaient sous silence les deux grandes causes du monde arabe depuis plus de 60 ans: le place de l’Islam en politique, et l’opposition à Israël.

Pour les régimes autocrates qui font encore face à ces mouvements populaires, la référence aux moyens technologiques censés les menacer a tout lieu de les rassurrer. L’expérience de la Tunisie, de l’Egypte ou de la Libye leur servent de précieux précédents. L’enthousiasme pour internet s’est calmé à mesure que ces trois pays se retrouvaient aux prises avec des acteurs historiques:  l’armée et les religieux. Et qu’ils étaient confrontés à des problèmes systèmiques qu’une campagne de mobilisation sur Facebook ne suffit pas à régler: la pauvreté, le chômage, l’illétrisme, la dépendance à l’égard des riches pays pétroliers.

Pour que des explosions de rages habillées d’un voile de modernité ne retrouvent pas un nouveau souffle, bien plus violent, et dévastateur, il va falloir s’attaquer aux racines du mal: le sous-développement économique, l’acculturation de la grande majorité des citoyens arabes, et l’ambiguïté permanente des relations du monde arabe avec Israël.

Dans les prochains épisodes des tourments arabes, les structures politiques, communautaires, sociales, familiales, auront un rôle-clef à jouer. Et les premiers tests électoraux en Tunisie et en Egypte, dès l’automne,  permettront de juger ce qui est vraiment restée de l’influence de la cyber communication dans la mobilisation des opinions publiques. 

New Yorker

New York Times 

Financial Times


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Jcharmelot 247 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte