Magazine Politique

Lagarde, Tapie, Sarkozy : même combat

Publié le 05 août 2011 par Hmoreigne

Lagarde, Tapie, Sarkozy : même combatLa Commission des requêtes de la Cour de justice de la République (CJR) a décidé jeudi 4 août d'ouvrir sur une enquête sur la gestion par Christine Lagarde, alors ministre de l'économie, pour  "complicité de faux et de détournement de fonds publics" dans  la procédure d'arbitrage qui avait mis un terme, en juillet 2008, au conflit opposant Bernard Tapie au Crédit Lyonnais au sujet de la vente d'Addidas.

Comme beaucoup d’observateurs, Eva joly estime que  "cette situation était prévisible". François Bayrou va beaucoup plus loin en estimant que ce dossier constitue "un des plus grand scandales sinon le plus grand scandale de la Ve république".

Le ciel s’assombrit au-dessus de la tête de la directrice générale du FMI en place seulement depuis le 4 juillet mais l’orage de grêle menace Élysée vers qui convergent désormais tous les regards.

Il paraît en effet bien difficile de croire que les décisions aujourd’hui misent en cause ont pu, au regard de leurs conséquences politiques et financières, être prises sans instructions préalables de la plus haute autorité de l’État. C’est d’ailleurs ce que laisse entendre Bernard Scemama qui fût président de l’Établissement public de financement et de restructuration (EPFR), l'organisme chapeautant le Consortium de réalisation (CDR), de septembre 2007 à février 2009 dans un entretien accordé au quotidien Le Monde.

Ce fonctionnaire des finances confie ainsi : "J'ai été reçu dès ma nomination par Stéphane Richard, le directeur du cabinet de la ministre des finances, Christine Lagarde. Il m'a tout de suite parlé du dossier Tapie et m'a donné une consigne claire: il fallait aller à l'arbitrage. "C'est la décision du gouvernement", m'a-t-il dit. Il m'a expliqué que cela faisait des années que cette affaire traînait, et qu'il fallait en finir".

"Quand le directeur de cabinet parle, c'est la ministre qui parle" rappelle Bernard Scemama, nommé par décret du Président de la république à la tête de l’EPFR. Et quand le journaliste Fabrice Lhomme lui pose la question "Avec le recul, n'avez-vous pas le sentiment d'avoir été instrumentalisé ?", la réponse est déconcertante : "Ce n'est pas impossible, cette idée vient toujours, après coup. En même temps, cela me paraît tellement énorme, cela signifierait que tout a été pipé".

Plus c’est gros et plus souvent ça passe. Sauf que dans ce cas précis on est dans une affaire hors normes en tout. Du rapport de la Cour des comptes sur l'affaire Tapie à la requête adressée par le procureur général près la Cour de cassation, Jean-Louis Nadal, à la Cour de justice de la République, en vue de l'ouverture d’une enquête, tout est tellement énorme qu’on se pince pour arriver à le croire. La plupart des documents, édifiants, sont accessibles en ligne sur Mediapart.

Il est reproché à Christine Lagarde d’avoir notamment fait suspendre une procédure judiciaire, qui tournait pourtant à l'avantage de l’État, pour lui substituer celle de l'arbitrage qui a permis à Bernard Tapie de récupérer 403 million d'euros payés rubis sur l’ongle par le contribuable. Elle aurait en outre selon Mediapart donné pour instruction d'empêchet tout recours possible contre la décision finale.

Dans une cohérence qui l’honore, François Bayrou a salué l'ouverture d'une enquête par la CJR comme "une étape décisive sur le chemin de la vérité".

"Cette affaire, qui restera je le crois comme un des plus grand scandales sinon le plus grand scandale de la Ve république, avec des zones d'ombre toujours plus épaisses, fait peser un lourd soupçon sur l'enchaînement des décisions d’État qui ont conduit à verser des centaines de millions d'euros de fonds publics à Bernard Tapie", a souligné le président du Modem.

Sur RTL, le député du Béarn a estimé que "les principes absolus du droit ont été contournés, contredits et foulés au pied". "On n’a pas le droit d’utiliser de l’argent public s’il n’y a pas eu un vote des députés ou une décision de justice" a déclaré, très remonté, le leader centriste.

Présenté comme un ami du Président de la République, Bernard Tapie avait appelé à voter Sarkozy lors des dernières présidentielles. Et pour mettre un peu de piment sur une affaire déjà compliqué, Le Canard Enchaîné avançait courant juillet l'hypothèse d'un accord secret entre Bernard Tapie et Dédé la sardine pour le partage du pactole versé par l’État pour Addidas...

<iframe width="560" height="349" src="http://www.youtube.com/embed/VxPV9bb9LSE" frameborder="0" allowfullscreen></iframe>

<iframe width="560" height="349" src="http://www.youtube.com/embed/D3CsjPZkNqs" frameborder="0" allowfullscreen></iframe>


Retour à La Une de Logo Paperblog