À 7 heures nous quittons le house-boat en direction de la gare routière ; le couvre-feu vient d’être levé, et la ville semble retrouver un peu d’animation.
Mais… ce n’est pas parce que le bus démarre qu’on est tirés d’affaire ! Avant de quitter Srinagar, nous sommes arrêtés plusieurs fois par des bandes de jeunes excités ; nous avons droit au désormais célèbre “We Want Freedom !”, aux coups de poings sur la carrosserie, et enfin aux pierres dans la vitre arrière qui s’effrite avec un joli bruit cristallin sur les passagers du dernier rang.Le chauffeur, qui doit avoir l’habitude de ces incidents, si l’on en croit les vitres fêlées de son véhicule, appuie sur l’accélérateur.
Au bout d’une heure, tout est calme, et nous avons parcouru 20 kilomètres. Si l’on estime que c’est une moyenne horaire, l’arrivée à Kargil, notre étape de la nuit, devrait se situer vers 19 heures 30.
Minute papillon ! C’est un mauvais calcul : combien de temps restons-nous immobilisés en attendant le dépannage du camion qui bloque la route du col de Zoji ? Combien de temps ont pris les 18 contrôles de l’armée ou de la police ? Et notre chauffeur prêt à se battre avec un chauffeur de camion venant en sens inverse, et ce pour une raison obscure (peut-être une injure du style : “Gros porc, ta femme est une truie !”), il avait déjà enlevé sa montre pour ne pas l’abîmer dans la bagarre !
À l’arrivée à Kargil, à 22 heures, les hôteliers nous attendent à la descente du bus, torches électriques et cartes de visite en main.
[Sur la vidéo on voit notre bus et en particulier la vitre arrière brisée]