Magazine Sport

R. Domenech, une indemnité scandaleuse ?

Publié le 07 août 2011 par Vogelsong @Vogelsong

“L’affaire Domenech était le dernier dossier à régler. Je peux comprendre qu’il (ce règlement) suscite quelques émotions vu la somme, mais le football est ainsi fait.” N. Le Graët Président de la FFF, chef d’entreprise et ancien maire PS de Guingamp

Un butor, de première catégorie, de ceux qui motivent une interrogation sur le genre humain. R. Domenech avec ses airs lourdauds, ses phrases vaseuses et son sens inné de l’in-à-propos inspire antipathie ou au mieux mépris. R. Domenech c’est celui qui a failli à la coupe du monde 2010, qui n’a pas porté la France au pinacle de l’Olympe du Spectacle footballistique. Et pour cela, il empochera une indemnité transactionnelle d’un million d’euros négociée après son licenciement. Rondelet pécule pour un looser que la patrie honnie. Ce qui en fait pour la presse friande de symboles, mais surtout de bouc-émissaires, l’idiot (riche) de la semaine.

Gianpaolo Pagni - Football 2002

Gianpaolo Pagni - Football 2002

Pourtant, R. Domenech est dans son bon droit. Comme salarié il bénéficie des mêmes protections qu’un autre concitoyen dans cette position. La presse ivre de rage contre cet incapable s’est empressée de le juger gravement fautif. La “faute grave” qui lui est reprochée par la fédération, vaut blanc-seing pour une clique vengeresse, frustrée par la prestation calamiteuse de l’équipée africaine. Mais en droit français, la faute grave doit être prouvée devant un tribunal. Il n’y a aucune définition légale. De façon générique, elle s’apparente à une faute telle qu’elle rend impossible le maintien du salarié dans l’entreprise. Vague. On ne jugera pas ici de la validité du critère dans ce cas d’espèce, mais on peut simplement noter que pour la fédération française de football (FFF), devant les prud’hommes cette affaire n’est pas gagnée d’avance.

Mais les indemnités de R. Domenech peuvent prendre un sens plus politique si on part du principe qu’il est un salarié comme un autre. Et que ce qu’il réussit à grappiller à son employeur n’est que le fruit d’un rapport de force. Ne pas oublier pas que c’est la FFF qui l’a choisi, qui lui a renouvelé un bail malgré ses prestations médiocres. Que le salaire fut négocié entre les parties, sans que ses émoluments ne soulèvent réprobations. Seule était mise en cause sa capacité à diriger une équipe de football… Incompétence que l’on peut attribuer à la direction de la FFF, son management, pas à lui.

Or aujourd’hui la FFF se dédouane d’un salarié de façon très symbolique. Elle charge un seul homme de la responsabilité d’une déroute. Un incapable, qui par-dessus le marché partirait avec la caisse. R. Domenech dans l’esprit étroit d’une bonne partie de la médiasphère monte au pilori. Après son licenciement on pointa non sans ironie ni sarcasmes ses indemnités de chômage de 5 500 euros mensuels. Pourtant aussi un droit du salarié.

On l’exècre non pas parce qu’il touche une somme astronomique, mais parce qu’il n’a pas procuré l’orgasme footballistique attendu. Qui conditionne, un fort tirage papier, une exposition médiatique qui focalise les attentions, et fait grimper en flèche le tarif de la pleine page de publicité. R. Domenech a spolié dans cette affaire, et de chaque côté du poste. Et en ce beau pays cocardier, on a la défaite aigrelette.

Le tour de passe-passe de cette affaire c’est l’incrimination d’un salarié, certes peu efficace, en feignant de s’esbaudir des sommes dépensées. On aborde l’aspect éthique des rémunérations et du mérite de façon interstitielle. Pour une grande partie de ceux (les amateurs de football) qui maudissent R. Domenech, la question tient plus de la rancœur que du système dans sa globalité. Ces mêmes contempteurs, souvent à revenus modestes, ne pipent mot sur les salaires astronomiques et le cout des transferts pratiqués normalement. Un retour sur investissement émotionnel capable de justifier tous les excès en la matière. Dans un monde footballistique dominé par le club/marque, entité marketing désincarnée, et comme consécration pour beaucoup l’introduction en bourse du fanion.

Le droit de R. Domenech c’est le droit du salarié dans un monde du travail totalement désarticulé. Et il est vital de s’y tenir. Nonobstant ce que l’on peut penser des échelles de salaire. Le sélectionneur n’est pas un boss, un dominant, il n’est qu’un cadre exécutant, un dominant dominé comme il en existe pléthores. Liguer et diviser une partie du salariat en général friand de football contre un autre salarié n’est peut-être pas si anodin. On crée un brouillage dans les valeurs, ainsi qu’un précédent où l’on ne sait plus qui est qui, qui domine qui. On justifie la stigmatisation entre salariés pour résultats non conformes. Le téléspectateur se transforme en client de la FFF. Et baisse le pouce pour performances inadéquates. Cela occulte les frasques somptuaires de ceux, les vrais dominants, pour qui un million d’euros ne représente que la prestation au rabais d’une marionnette hirsute. In fine le pactole versé par la FFF n’est qu’une peccadille pour jouer l’idiot utile dans le sport Spectacle.

 Vogelsong – 6 août 2011 – Paris


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Vogelsong 2657 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Magazine