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Pourquoi je ne suis pas candidat à l’élection présidentielle ?

Publié le 08 août 2011 par Rsada @SolidShell

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Comme tout bon surfeur du net, il arrive des fois, comme ça, où l’on tombe sur l’article d’un congénère qui n’appelle pas spécialement de réponse, mais qui vous interpelle quant même. Cette aventure m’est arrivé la semaine passée en lisant le post du très grand « Mr. on peut pas plaire à tout le monde ! » à la plume aussi affinée qu’affutée qui titrait « Pourquoi je suis candidat à l’élection présidentielle ».

De premier abord, j’ai cru en une quelconque usurpation de ces pourquoi qui me sont si familiers, puis, dans un second temps en une rétrospective des chansons version 70’s qui reprenait le tube de Gérard Lenorman : « Si j’étais président de la République…. ! ». Connaissant mon ami bipède, j’ai rapidement compris qu’il s’agissait ici d’une nouvelle satire sur la vie politique de notre pays.

Ainsi donc, qu’aurais-je à redire de sa vision personnelle des multiples candidatures de nos potentats nationaux à l’occasion de la présidentielle 2012 ? Tout simplement le passage suivant : « Soyons sérieux il existe dans la classe politique contemporaine 4 raisons de se porter candidat à la présidence : parce qu’on pense qu’on va gagner, parce qu’on pense que ca va nous permettre de gagner la suivante, parce qu’on a presque gagné la fois précédente, parce qu’on veut témoigner de notre idéologie ». Incontestable sur la forme…effrayant sur le fond !

Mes lecteurs assidus –oui, il y en a- ne manqueront pas encore une fois de penser que je vais sauter comme un cabri sur ma chaise en vociférant mon éternel couplet sur la grandeur de la France et la désertion des idéaux républicains auxquels nous sommes tous attachés. Ces lecteurs sont très assidus et ils ont naturellement raison ! Ce pâle constat de notre vie politique catégorisé par « Mr. on peut pas plaire à tout le monde ! » vaut désormais pour une quasi tradition républicaine et je ne peux m’empêcher de trouver cela affligeant.

Ainsi donc, nous en serions réduits à penser que nos candidats à l’élection présidentielle ne peuvent se ranger que dans ces seules catégories ? Que reste t-il de l’idée qu’une candidature à la magistrature suprême impose d’avoir une certaine idée de la France que l’on souhaite pour demain ? De disposer d’une envie profonde de moderniser la société ? De faire évoluer cette société dans le sens de l’Histoire ? De tourner le dos à certaines incohérences qui laissent penser que notre République est un modèle démodé et que celle-ci a muté en une vulgaire monarchie républicaine ? Ou de nier l’évidence que la répartition des pouvoirs est devenu obsolète dans notre pays avec un Parlement qui attend sagement ce que l’exécutif a décidé ? 

Ainsi donc, nous en serions réduits à penser que la France et la République sont sacrifiées sur l’autel d’obscures velléités de quelques chapelles politiques ou sur une sombre combinaison d’individualités ? Non, décidément je ne m’y résous pas. Cette vision d’une démocratie au rabais où c’est le moins mauvais qui l’emporte ne me satisfait pas.

Je veux conserver l’utopique idée qu’une candidature à la présidence de la République ne se résume pas à un hasard, à un devoir ou à un caprice personnel. Je réfute ces arguments simplistes qui voudraient que « l’on pense qu’on va gagner » : on ne gagne pas pour soi-même, c’est le pays qui doit y gagner quelque chose… que « l’on pense que cela va nous permettre de gagner la suivante » : l’élection présidentielle n’est pas une partie de Uno ou de Monopoly !... que « l’on a presque gagné la fois précédente » : le Peuple est sage, il se trompe rarement. Le politique propose, le Peuple dispose !... ou enfin que « l’on veut témoigner de son idéologie » : en observant la politique française des cent dernières années on constate rapidement que les idéologies ont souvent dérivées vers un vaste compromis qui réuni tous les français ou, qu’elles ont souvent été emportées par des évènements qui imposaient qu’on les cale sous le boisseau.

Enfin, la suite de cet article me laisse un goût amer au fond de la gorge. Une idée comme quoi les français ne seraient pas si mûrs que cela pour juger de leur propre destin. Une idée comme quoi notre personnel politique est capricieux et que sa seule activité se résume en un jeu vulgaire de chaises musicales. Une idée comme quoi cette élection présidentielle est déjà jouée d’avance et que nous n’aurons qu’à supporter un théâtre d’ombres chinoises.

Terminons-en et soyons honnêtes avec nous-mêmes. Si ces femmes et ces hommes qui entendent faire entendre leur voix dans le débat qui s’ouvre n’ont d’autre idée que de faire gagner la France et de rendre à la République ce qui lui appartient alors oui, comme le suggère sans l’écrire  « Mr. on peut pas plaire à tout le monde ! » certaines candidatures ne se justifient pas. Non parce qu’elles sont inutiles mais tout simplement parce qu’elles sont presque insultantes. Quant on n’a rien d’autre à vendre aux français que sa seule parole ou sa bonne tête, il est préférable parfois de rester chez soi.

Cela suppose bien entendu que les français n’interprètent pas la politique comme un jeu de télé-réalité. Cela suppose bien entendu que nos journalistes soient indépendants en ne se laissant pas dicter ce qu’il est bon ou non de dire aux français, et qu’ils chassent le besoin de sensationnel en donnant la priorité à l’information….à toute l’information !

Je suis confiant et je ne désespère pas. Je sais que se porter candidat à l’élection présidentielle n’est pas donné à tous et encore moins, de se faire élire par le Peuple. Se porter candidat est un acte fort réservé à un petit cercle de femmes et d’hommes qui dispose de compétences minimales, de la vision d’une France fidèle à son héritage mais ouverte au monde, d’une volonté de transmettre à nos enfants le meilleur et non le moins mauvais. Devenir Président n’est pas le rêve d’une personne…c’est son karma !

Estimant ne pas disposer des compétences requises et ne ressentant pas poindre ce karma en moi, mes chers compatriotes, je vous annonce que je ne suis pas candidat à l’élection présidentielle !

A la manière de Pierre Baillargeon : « L'instinct de conservation s'est développé chez nous au détriment de tous les autres instincts ».


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