Magazine Politique

La crise donne raison au projet de réforme fiscale globale de François Hollande

Publié le 09 août 2011 par Hmoreigne

La crise donne raison au projet de réforme fiscale globale de François Hollande"On ne devient pas Président de la République en promettant des hausses d'impôts" s'amusait-on à relever du côté de l'Elysée quand François Hollande assurait dès 2009 que celles-ci sont inévitables et qu'il faudra remettre à plat le système des prélèvements obligatoires. A l'inverse, François Baroin assurait en début d'année qu'aucune hausse des prélèvements n'interviendrait en 2011. Oui mais après ? Les grandes turbulences qui agitent l'économie mondiale confirment que la fiscalité sera au cœur de la confrontation électorale de 2012.

En octobre 2009,  devant quelques 300 militants de son association Répondre à gauche réunis à Périgueux, François Hollande lançait un avertissement peu réjouissant : "La question n'est pas de savoir si l'on va augmenter les impôts, mais de savoir quels impôts vont augmenter, et qui va les payer".

L'ancien Premier secrétaire du PS mettait alors en cause l'irresponsabilité de Nicolas Sarkozy accusé de s'être employé dès le début de son mandat à assécher les recettes de l'Etat entre baisse de l'impôt sur le revenu, plafonnement de la taxe professionnelle, exonération des heures supplémentaires, baisse des droits de succession et de donation, bouclier fiscal et baisse de l'ISF. 40 milliards d'euros de perdus selon le président du Conseil général de Corrèze.

En début d'année, François Hollande dans La Tribune ne ménageait pas ses critiques cette fois sur le projet de budget 2011. "Bricolage en matière de redressement des finances publiques et injustice dans les choix de dépenses comme de recettes. C'est le dernier budget du quinquennat, donc il résume une politique. Elle s'est révélée défaillante au double plan de l'équité et de l'efficacité. Nicolas Sarkozy laissera à son successeur une situation exceptionnellement dégradée de nos comptes publics et sociaux" déclarait, incisif, le député de Corrèze.

Depuis la crise a rendu caduques les prévisions de croissance optimistes de Bercy et les recettes qui allaient avec. La situation financière de la France s'est un peu plus dégradée mais peu importe. Nicolas Sarkozy joue les vertueux et tente de prendre l'opposition au piège de l'adoption d'une règle d'or encadrant les déficits publics pour l'avenir.

Une règle en plaqué or pour Pierre Moscovici coordinateur de la campagne de Francois Hollande qui voit dans la dette, l'ennemie dela gauche.

Pour sortir du piège tendu par l'Elysée et démontrer qu'il incarne un gestionnaire responsable, François Hollande suggère dans Les Echos de substituer à la règle d'or, un amendement au projet de loi de finances 2012 dans lequel la France s'engage à respecter le retour sous la barre des 3% de déficit en 2013.

Derrières les déclarations de bonnes intentions, le candidat aux primaires socialistes pose à haute voix une question qui trotte dans la tête de beaucoup de français, alimentée par le spectre d'une situation à la grecque : qui va payer pour l'austérité qui s'annonce et par quels impôts ?

Au-delà de la mise en place d'une véritable gouvernance de la zone euro qu'il appelle de ses voeux, François Hollande précise : "Tout dépendra de la sincérité du budget pour 2012, surtout si la croissance ralentit. Personne n'imagine que nous pourrons atteindre les objectifs affichés sans remise en cause des avantages fiscaux consentis par l'actuelle majorité depuis quatre ans. Ne pas le faire serait une double faute tant par rapport à nos partenaires européens qui douteraient de nous que par rapport aux Français qui n'accepteront pas de consentir quelque effort que ce soit sans justice fiscale" (…) "Le débat en 2012 ne sera pas entre ceux qui veulent augmenter les impôts et ceux qui le refusent, mais entre ceux qui voudront augmenter certains impôts et ceux qui voudront baisser beaucoup de dépenses."

D'une façon générale les socialistes attaquent Nicolas Sarkozy, en mauvaise posture dans les sondages, sur son image de capitaine courage qui tient avec efficacité la barre dans la tourmente.

Ce matin sur France Inter, Laurent Fabius, soutien de Martine Aubry, a qualifié le locataire de l'Elysée de "pompier pyromane" et reproché de façon générale aux dirigeants européens "pas assez de vision, pas assez de détermination".

François Hollande, toujours dans Les Echos, n'est guère plus tendre lorsqu'il déclare que "L'improvisation et l'hésitation face à la spéculation nous ont déjà coûté assez cher. Le risque aujourd'hui est celui de l'éclatement de la zone euro. Il n'y a plus de temps à perdre. Il faut faire fort, vite et clair !".

Le point faible de Nicolas Sarkozy n'est pourtant pas tant là. C'est dans l'exigence de sincérité  et de discours de vérité de la part du Chef de l'Etat que François Hollande tape juste.


Retour à La Une de Logo Paperblog