Jean-Pierre Chevènement : le retour du troisième homme ?
Rachat massif des titres et dettes espagnols et italiens
Dans un récent fait d'arme, Jean-Pierre Chevènement a publié sur son blog la lettre qu'il a adressée le 8 août à Nicolas Sarkozy en lui affirmant que "seul le rachat massif des titres et dettes espagnols et italiens peut aujourd’hui permettre de sauvegarder la cohésion de la zone euro".
Il soutient : "je prends la liberté de vous suggérer d’agir auprès de la Chancelière allemande pour que la décision prise à une majorité écrasante par le Conseil des Gouverneurs de la BCE le 4 août soit publiquement soutenue par l’Allemagne et la France dans les prochains jours. L’action de la BCE pourrait se faire par le canal du Fonds européen de stabilité financière. Seule une telle arme nucléaire peut aujourd’hui faire reculer la spéculation".
"L'euro est un mark-bis"
En citant le nom d'Angela Merkel, on reconnaît bien l'idée de Jean-Pierre Chevènement selon laquelle l'Union européenne, et par extension l'euro, répondent à un impératif économique dirigé par l'Allemagne - pénalisant ainsi les autres Etats membres. Dans sa profession de foi, il explique d'ailleurs : "l’adoption de la monnaie unique en réponse à la réunification allemande a été une monumentale erreur de nos classes dirigeantes, toutes tendances confondues : l’euro est un mark-bis [...] L'euro est une monnaie surévaluée qui écrase notre compétitivité et celle de la plupart des pays européens. On ne peut envisager de réindustrialiser le pays sans un euro durablement moins cher".
Nicolas Sarkozy et Angela Merkel : "Je t'aime moi non plus" ou "Le baiser de la mort" ?
Le PS et l'UMP esclaves de la dictature des marchés financiers
Dans sa profession de foi, Jean-Pierre Chevènement se démarque en même temps de l'UMP et du PS (de l'UMPS ?), en soulignant leur allégeance, honteuse mais toujours niée, au diktat des marchés financiers. Selon lui, "la parenthèse libérale, ouverte en 1983, n'a jamais été refermée ni par François Mitterrand ni par Lionel Jospin. C'est pourquoi les candidats socialistes potentiels ont tant de mal à remettre en cause le système de contraintes héritées de choix qu'ils ont avalisés par conformisme et auquel ils devraient immédiatement faire face s'ils revenaient aux affaires :
- la financiarisation de l'économie qu'a permise l'Acte unique européen ;
- le libre-échangisme inégal codifié par l'OMC et prêché par son directeur Pascal Lamy ;
- et surtout le système de l'euro qui met l’État emprunteur à la merci des marchés financiers.
Le Jean-Pierre Chevènement 2012 est arrivé !
L'impossibilité du débat sur les banques et la finance
A la Lumière des déclarations de Jean-Pierre Chevènement, on attend les réactions de ses "adversaires" (copains comme cochons) politiques. On est pourtant en droit de douter de débats véritablement constructifs remettant en cause le système financier actuel. En effet, les déclarations d'Arnaud de Montebourg sur la démondialisation et la "mise sous tutelle des banques" ; ou les dénonciations de la loi de 1973 Pompidou-Rothschild sur la Banque de France par Nicolas Dupont-Aignan ne suscitent que de brefs commentaires, souvent narquois ou faussement outrés. Quoi qu'il en soit, sans ce débat essentiel, la campagne électorale 2012 n'aura pas lieu - ou n'aura servi à rien. Et elle ne servira de toute façon à rien.