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Economies aux abois, démocraties en plein désarroi

Publié le 10 août 2011 par Hmoreigne

Les crises sont comme les trains. L'une peut cacher l'autre. Montée de l'abstention, de la xénophobie et des formations d'extrême droite, perte de confiance dans les démocraties représentatives, les émeutes qui agitent la perfide Albion constituent la partie émergée d'une crise profonde qui traverse les vieilles démocraties européennes.

Mêmes causes mêmes effets. Au départ des émeutes de Londres, la mort d'un jeune homme noir, abattu par la police dans des circonstances obscures. Cet embrasement constitue tout autant l'expression d'une violence gratuite que celle d'une exaspération face aux inégalités sociales. Il révèle surtout l'incapacité du système politique à agréger une partie de la population laissée sur le bord de la route.

Les images de Londres suscitent un sentiment de malaise. Comme le souligne Mary Riddell, éditorialiste du Daily Telegraph, "L'été de Tottenham, où se sont également illustrés des enfants de sept ans, est dirigé non pas contre un régime tyrannique, mais contre l'ordre établi d'une démocratie".

Le contraste est néanmoins saisissant entre la violence des événements britanniques et le pacifisme des indignés espagnols. Quo vadis Britannia ? Sur le papier, la Grande-Bretagne est moins égalitaire qu'elle ne l'a jamais été, que ce soit du point de vue des salaires, de la richesse et des perspectives d'avenir. Elle traverse une crise morale sans précédent qui frappe trois de ses institutions en plein cœur : la presse (le Murdochgate), le pouvoir politique et la police.

Le vrai danger pour les démocraties est de laisser se développer cette idée entretenue par les extrêmes que les gouvernements soumis aux lois d'airain des marchés, et donc contraints de mener des politiques d'austérité, perdraient leur légitimité en négligeant les intérêts de leur peuple.

Certaines images sont à cet égard terribles. Comme le souligne Mary Riddell, "Tandis que Londres brûlait, les leaders européens, notamment notre Premier ministre et son ministre des Finances, se prélassaient dans des chaises longues. Même si l'épicentre de l'actuelle crise économique est la zone euro, les gouvernements britanniques successifs ont fait le lit de la pauvreté, des inégalités et de l'inhumanité aujourd'hui exacerbées par la tourmente financière".

Tel le vers dans le fruit, la crise financière mine nos démocraties en posant le postulat que la démocratie sociale, avec ses mécanismes onéreux de protection, ses systèmes éducatif et de santé pour tous ainsi que le droit à une retraite heureuse ne serait plus viable dans le contexte de la concurrence mondiale des économies.

Nos systèmes démocratiques portent pourtant en eux-mêmes les germes de leur malheur. En privilégiant systématiquement  les droits de l'individu contre ceux du collectif nous avons laissé se développer une société duale avec d’un côté ceux qui sont dans le système et profitent de la prospérité et de l’autre, les exclus ravalés au rang de spectateurs, contraints de se satisfaire des miettes et convaincus de ne pas avoir d’avenir.

Face à l'emballement de la défiance, mère de tous les  populismes, la solution passe par un retour aux fondamentaux de la démocratie. Avec des institutions rénovées dans lesquelles chacun fait son travail. En premier les parlements chargés certes de faire la loi mais surtout de lever l'impôt et de contrôler les dépenses.

Or, force est de constater que de ce côté ci du Channel, le parlement français, trop attaché à ne pas contrarier l'exécutif, n'exerce guère ses prérogatives. Il lui appartient pourtant de veiller à une équation simple : avoir des dépenses à la hauteur de ses recettes.


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