Depuis des années, les candidats aux élections affirment vouloir donner la priorité à l'éducation, cet investissement sur l'avenir, mais on n'en voit pas de résultats. Le budget du ministère de l'Education nationale est le plus important de l'Etat mais la France a des résultats très médiocres en éducation.
Bien sûr l'enseignement est un métier ardu et les jeunes sont beaucoup plus difficiles qu'autrefois. Mais il n'y a pas que ça.
Vu de l'extérieur, il semble que la majorité des professeurs n'ont pas choisi ce métier pourtant bien spécifique. Ils ont fait des études qui leur plaisaient, mais pour ensuite constater qu'elles menaient essentiellement à la recherche ou à l'enseignement. Ca ne favorise pas la motivation ! Et les résultats sont directement liés à la motivation et à l'intérêt pour son métier.
Si on compare avec les autres grands pays occidentaux, les pays anglo-saxons sont beaucoup plus ouverts au recrutement dans les entreprises pour les filières de sciences humaines. Les professeurs des pays du Nord enseignent plusieurs matières, encadrent des activités péri-scolaires et consacrent plus d'heures par semaines à leur profession que leurs homologues français.
Il y a certainement plusieurs directions dans lesquelles il faut travailler.
L'orientation professionnelle, d'abord. Les étudiants choisissent plus des études qu'un métier futur, et trop nombreux sont ceux qui échouent à l'université parce qu'ils s'y engagent sans suffisamment la connaître. On doit passer d'une information sur les études et filières à une découverte des métiers possibles et des moyens d'y arriver. Celui qui aura choisi son métier cherchera à réussir ses études pour y arriver, et il s'y épanouira plus que celui qui y arrive "par accident".
Cette information sur les métiers ne peut pas être abstraite. Les conférences, forums et brochures ne sont pas le bon vecteur. Au collège et au lycée, les élèves doivent découvrir des métiers et environnements porfessionnels différents par des stages obligatoires. C'est le meilleur moyen de découvrir la réalité.
Bien sûr, ces stages ne s'interrompent pas à l'université. Il est indispensable que TOUTES les filières d'enseignement supérieur soient professionnalisantes. Et les stages sont un moyen simple pour y arriver. Un étudiant en sociologie pourra par exemple découvrir la gestion des ressources humaines. Ces stages permettront à la fois de professionnaliser les études et de détecter très tôt les erreurs d'orientation.
Les universités qui se sont engagées dans cette voie comme l'université de technologie de Grenoble ont connu une très grande réussite.
Dans le secondaire l'idée allemande et de l'Europe du Nord de diminuer le volume d'heures d'enseignement théorique en réservant les après-midi au sport et aux arts n'a pas forcément à être imitée, mais s'en inspirer permettrait, notamment en ZEP, de rendre l'enseignement français moins théorique, pour ne pas dire intellectuel, et sans doute aussi à reconstituer un lien social entre les professeurs et leurs élèves dans des conditions plus sympathiques que la scolarité. Ca demandera peut-être aux professeurs d'être présents plus qu'aujourd'hui mais il me semble que ce ne serait pas un effort inhumain.
Cette politique nécessitera plus de moyens dans l'enseignement supérieur. Ces moyens pourront venir, au moins en partie, d'économies dans l'enseignement scolaire dont le budget énorme mérite plus des optimisations que les rabotages qu'on lui inflige surtout depuis 2007.
Peut-être faudra-t-il favoriser le recrutement par le supérieur de professeurs et d'autres catégories de personnel du secondaire, qui pourraient y trouver un attrait nouveau.