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Equipe de France : Enseignements d’une première composition.

Publié le 11 août 2011 par Lben

Chronique du 11 août 2011.

Quoiqu’en dise Marc Lièvremont une composition d’équipe de France n’est jamais totalement anecdotique, surtout lorsqu’il s’agit de lancer la campagne d’une Coupe du Monde en jouant le premier des deux matchs amicaux à domicile. Voyons quels sont les enseignements de cette première équipe…

Une charnière définitivement choisie :

Alors que le temps est compté pour créer des automatismes, il n’est plus question d’attendre pour associer les joueurs qui formeront l’ossature aux postes clés. C’est notamment le cas de la charnière. Les 2 joueurs qui vont la composer doivent trouver le plus vite possible des habitudes qui vont permettre d’accélérer le jeu de l’équipe plutôt que de le ralentir parce que, justement, ils passent leur temps à se chercher. Du coup, il y a obligation à donner le plus vite possible du temps de jeu aux demis retenus. C’est ce que je fais Marc Lièvremont en associant François Trinh-Duc, que l’on sait être son premier choix, à Dimitri Yachvili, qui semble avoir définitivement pris le pas sur Morgan Parra. Ainsi, ces 2 joueurs pourront se construire un vécu commun commencé pendant le Tournoi, mais qui doit monter en puissance pour ajouter progressivement toute la panoplie de jeu amenée par une complicité de plus en plus affirmée.

Morgan Parra n’est pas encore totalement repoussé sur le banc mais les éléments commencent à se compliquer pour lui. Si la charnière alignée à Bordeaux fait un match simplement correct avec une victoire comme résultat, même une grosse performance individuelle de sa part ne lui garantira pas un retour dans le quinze titulaire. En effet, un sélectionneur a besoin de certitudes et de s’appuyer sur une épine dorsale qui cimente le collectif aussi bien humainement que tactiquement. Or, Marc Lièvremont a peu de certitudes pour le moment. Jusque-là, il possédait des hommes clés dans son pack : Servat – Harinordoquy complétés par Nallet, Bonnaire et le capitaine Dusautoir. Mais avec le premier nommé encore blessé et le 3ème ligne Basque repositionné sur l’aile plutôt qu’en 8, l’épine dorsale est d’autant moins affirmée qu’il n’y a pas, non plus, d’arrière indiscutable. Du coup, la charnière est le point de ralliement qui doit donner à cette équipe une assise et des options de jeu marquées. Et, avec cette première composition, la paire Yachvili – Trinh-Duc est intronisé comme le point de départ de la construction du code génétique de cette équipe. Il faut maintenant souhaiter que le quinze de France ne subisse pas une contre-performance qui remettrait en cause, non seulement la construction d’équipe établie par le manager, mais atteindrait aussi le moral des joueurs qui ont maintenant besoin de lisibilité sur le projet de jeu et les hommes qui vont avec.

Une 3ème ligne construite dans la complémentarité :

Apparemment, Marc Lièvremont a décidé de bâtir sa 3ème ligne à partir de l’équation : un coureur plaqueur + un grand qui entourent un puissant 8, histoire de jouer à fond sur les complémentarités et de pouvoir s’imposer face à n’importe quel adversaire. Je ne vais surtout pas me plaindre de ce choix car j’ai toujours pensé que cette équation était la meilleure, notamment au niveau international, où le choix des joueurs à partir de profils est plus facile à faire qu’en club, où le réservoir est plus limité et, où, l’entraîneur doit plus s’adapter aux joueurs qu’il a. Cette décision de Marc Lièvremont est aussi le constat d’un manque de puissance d’une 3ème ligne qui a eu du mal à prendre le dessus sur ses adversaires en gagnant la bataille de la ligne d’avantage. C’est donc un choix qui va dans le bon sens. Néanmoins ce choix pose certaines questions, celles-ci étant notamment liées  aux choix de joueurs. Ainsi, en excluant Sébastien Chabal, Marc Lièvremont s’est privé d’un joueur puissant qui, au moins en impact player, aurait pu apporter un plus dans cette tactique. Et ceci d’autant plus que le sélectionneur nous a expliqué que toute la préparation a visé à mettre les joueurs dans les meilleures conditions physiques. Imaginez ce qu’un Chabal au meilleur de sa forme aurait pu apporter dans le rôle du 8 puissant.

Autre problème indirectement lié à ce choix tactique, la touche. Avec une association Harinordoquy – Bonnaire en 3ème ligne, l’équipe de France se donnait les moyens de régner dans les airs et notamment de contrebalancer l’absence d’un deuxième ligne de plus de 2 mètres avec un profil de sauteur pur. En devant choisir entre Harinordoquy et Bonnaire, Marc Lièvremont perd l’opportunité de régner sur la touche et de priver ses adversaires de munitions indispensables pour faire basculer les matchs. C’est là où l’on en revient au choix des 2èmes lignes. En ayant retenu 4 joueurs qui ont quasiment le même profil physique, notamment au niveau de la taille, c’est à dire entre 1m95 et 1m97 annoncé, avec un choix qui s’est fait plus sur la capacité à être complet que sur une qualité propre comme la touche, Marc Lièvremont ne se donne pas vraiment le choix. Le seul qui soit identifié comme plus sauteur est Julien Pierre mais c’est surtout parce qu’il est plus léger que ses partenaires. Le choix de ce profil de 3ème ligne est, donc, plutôt une bonne nouvelle pour le 2ème ligne Clermontois, mais peut se révéler une mauvaise pour la performance de l’alignement français, qui nous a, pourtant, souvent fait gagner des matchs ces dernières années.

Une équipe type déguisée :

Marc Lièvremont a beau parler d’équipe mixte, il a, en fait, aligné une ossature d’équipe type à laquelle il a enlevé 3 ou 4 titulaires, histoire de respecter la promesse de faire jouer tout le monde tout n’affaiblissant pas trop sa 2ème composition, la semaine prochaine. Du coup, les Mas ( légèrement blessé ), Nallet, Picamoles et Médard s’y collent, faisant croire à une certaine incertitude qui est renforcée par les blessés et convalescents, Rougerie et Servat.

Si l’on prend donc la composition de ce week-end, on peut en extraire un certain nombre de joueurs qui sont en position de titulaires potentiels. Il leur reste, bien sûr, à confirmer leur état de forme jugé au travers des entraînements et des options de jeu choisies par l’entraîneur. Il est, aussi, toujours possible aux autres de réaliser une performance de très haute tenue qui remettrait en cause la hiérarchie.Une victoire lors du premier match de préparation donne du crédit à toute la préparation entreprise jusque-là. Elle valide, non seulement, les choix tactiques, mais aussi de joueurs et ce, au moins jusqu’au match contre la Nouvelle-Zélande, le 24 septembre.

On peut donc s’attendre à avoir une équipe de France qui débutera la compétition sous la composition : Traille – Clerc – Marty ( ou Rougerie ) – Mermoz – Médard – Trinh-Duc – Yachvili – Harinordoquy – Picamoles – Dusautoir – Pierre – Nallet – Mas – Szarzewski ( ou Servat ) – Marconnet. Mais cette équipe n’existera qu’avec des victoires, bien sûr…

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