le Malin, actuellement dans le port de Concarneau , ancien palangrier en transformation par les chantiers Piriou pour la Marine Nationle en navire de surveillance, police des pêches ou lutte contre la piraterie, inspire une recherche sur ces bateaux que l'on nomme "bateaux pièges". Jean-Michel Robert s'est penché sur le sujet avec notamment l'histoire du dundée Jeanne d'Arc VII réquisitionné à Concarneau en 1917, voici le déroulement d'une carrière.
Lors du premier conflit mondial les Sous-marins Allemands ont la supériorité sur les mers notamment sur l’Ouest de l’Europe. Guillaume II décide la guerre sous-marine à outrance à partir du 1er février 1917. Il existe peu d’armes anti-sous marines pour détecter et attaquer les U boots Allemands.
Les Anglais sont les premiers a décider de mettre en place des bateaux pièges à partir de 1915, des petites unités fortement armées, cibles faciles et peu importantes pour que le sous- marin ne gaspille une torpille pour la détruire. Le sous-marin fait alors surface pour couler sa proie au canon, le bateau piège dévoilant lui-même ses armes en attaquant le sous marin dont la position en surface est très vulnérable notamment pour les servants du canon.
Q-Ship’s tel était le nom des bateaux pièges Anglais qui en deux ans détruisirent 12 sous-marins Allemands.
La France va imiter les Anglais dés 1916 et armer ainsi une quinzaine de ces bateaux qui jusqu’à la fin du conflit seront en service sur nos côtes.
Un Dundee mis à flot en 1914 et réquisitionné par la Marine Nationale à Concarneau le 23 juin 1917 sert d’abord comme garde-pêche, puis, maquillé en bateau de pêche avec un armement militaire et douze d’hommes d’équipage appelés « équipe spéciale » pour la chasse aux sous-marins il devient bateau piège. Avec plusieurs autres bâtiments il protège les côtes Bretonnes en se postant sur les routes présumées du passage des sous-marins Allemands.
Le 10 août 1917 avec le patrouilleur l’Avenir il sort du port de Concarneau protégeant un convoi de 7 bateaux de pêche en route dans l’Ouest de Pen - March’. Dans ce groupe se trouve le dundee République du patron Jean Rioual qui décide de se séparer du convoi alors que celui-ci se trouve à prés de 450 milles dans l’Ouest de Pen -March. On ne reverra plus le République à partir de ce moment sans doute coulé par un sous-marin Allemand.
Dundee type 1915 - C’est ce genre de bateau comme le République que le Jeanne d’Arc VII protégeait au départ de Concarneau
La carrière du Jeanne d’Arc VII se termine brutalement le 17 décembre 1917 lorsqu’il fait naufrage à Belle Ile.
« Le 17 décembre 1917 par fort vent et grosse mer il tente d’entrer au port du Palais à Belle-Ile.Les feux de signalisation de la jetée indiquent que la passe est impraticable, le Patron décide alors de mouiller sur ancre à un demi mille de la jetée du port.
Dans la nuit le bateau chasse sur son ancre et s’approche dangereusement de la jetée. Au petit matin il faut se résigner à demander du secours en hissant le pavillon National à mi- drisse. Le jour est déjà levé quand des marins sur les quais du port aperçoivent le bateau en difficulté, le canot de sauvetage « Vauvert de Méan » reçoit l’ordre de sortir pour assister le dundee en difficulté.
Le canot de sauvetage dés sa sortie pris dans d’énormes vagues se retourne alors qu’il est à proximité du bateau, projetant les équipiers à la mer, par chance l’ancre du canot de sauvetage libérée au moment du retournement maintient le canot à proximité des hommes tombés à la mer qui se reprennent rapidement, remontent à bord et se préparent à continuer leur mission. Mais deux hommes manquent à l’appel, le Patron Dubarre et l’équipier Corvic, le canot rentre alors au port. Puis c’est le vapeur postal qui sort et tente de passer une remorque au dundee mais celui-ci sous l’effet des vagues et du vent fort vient s’échouer prés de la jetée.
C’est au moyen d’un va-et-vient entre la plate forme du feu et le dundee que 9 hommes sont ramenés à terre, les trois derniers ayant réussi à rejoindre la côte dans un youyou a demi rempli d’eau. Les corps des deux sauveteurs seront retrouvés sur la plage des Ramonettes. Belle Ile est en deuil ". (Site Epaves Belle-Ile)
Une note de l’Etat Major Général en date du 03-férier 1918 transmet le dossier de l’échouage de ce bâtiment à la direction du personnel Militaire (Justice maritime) avec l’avis que le commandant du bâtiment doit être traduit devant le conseil de guerre.
C’est la marine Nationale qui a ajouté Le N° VII au Nom Jeanne-D’Arc car plusieurs patrouilleurs et bateaux pièges portaient ce nom, le N° ne faisant que les différencier.