A l’approche des élections présidentielles de 2012, la question de la diversité des candidats se pose. Par diversité on n’entend pas seulement diversité ethnique, mais une réelle représentativité politique incluant les personnes en situation de handicap, les femmes, les jeunes…
Eric Keslassy, sociologue à l’institut Montaigne, a réalisé deux études sur la diversité dans le monde politique français. Dans une interview donnée au Monde, il analyse la situation actuelle :
Le constat :
- Moins de 1% des élus parlementaires sont issus de la diversité. Mais ils sont plus nombreux au niveau local avec 5% des conseillers régionaux ;
- La gauche mise sur ses électeurs pour mettre en valeur les minorités, 80% des élus régionaux de la diversité sont d’un parti de gauche ;
- La droite procède plutôt par nomination, comme on a pu le voir avec Rachida Dati et Rama Yade dans le gouvernement Sarkozy.
Pourquoi une telle situation ?
Les Français se disent prêts à élire des représentants des minorités. Dans un sondage CSA de 2008, 57% des Français estiment qu’il n’y a pas assez de personnes appartenant à une minorité visible parmi les hommes et les femmes politiques du Parlement français. Et 85% d’entre eux se disent prêts à voter pour un candidat appartenant à une minorité visible.
L’analyse d’Eric Keslassy indique que ce sont plutôt les partis politiques qui bloquent, ils ne croient pas vraiment en la volonté des électeurs d’élire des représentants de la diversité.
Enfin, les minorités elles-mêmes ne facilitent pas l’évolution, privilégiant généralement une carrière professionnelle moins risquée qu’une carrière politique. Et si certains obtiennent une fonction politique, ils ne sont ensuite pas plus ouverts que les autres aux personnes issues de la diversité.
Que faire pour améliorer la représentativité des élus ?
Selon Eric Keslassy, il faut se débarrasser de cette norme qui veut que les parlementaires soient des hommes blancs âgés de 55 ans ou plus et issus d’un milieu aisé.
Eric Keslassy propose pour cela de :
- supprimer le cumul des mandats et limiter les réélections ;
- imposer aux partis plus de transparence ;
- réintroduire une part de proportionnelle aux élections législatives.
Ces propositions sont intéressantes et peuvent aider et encourager un changement dans le bon sens. L’élection de Barack Obama aux Etats-Unis a certes réveillé un intérêt pour le sujet, mais n’a pas eu d’effet réel sur les pratiques des partis politiques français.
Pourtant, la diversité pourrait être un enjeu pour les prochaines élections. Des partis qui n’en tiendraient pas compte risqueraient de passer à côté des attentes de beaucoup de Français.
Pour en savoir plus: Le Monde
Note de Eric Keslassy Ouvrir la politique à la diversité (PDF)