C'est curieux, en même temps j'ai deux grosses gouttes de sueur qui entrent dans mes yeux. Chacun sa goutte envenimée. C'est vraiment brûlant la sueur ! Vision kaléidoscopique dans l'instant. Tout se déforme à l'infini. Rochers, broussailles, talwegs, ergs, cheminées de fées, caillasses...
Je frotte, ça brûle comme de l'acide. J'attends. Vision déformée. Du blanc partout, le bleu du ciel dilué dedans. Qu'est-ce que je suis venu foutre ici et à cette heure ?
Délire minéral et végétal. pourtant, qu'est-ce que j'y suis venu foutre un 15 août ? Un peu fêlé le mec. Tout à l'heure j'ai pensé très fort aux Dupont-Dupond dans "Tintin au pays de l'or noir"... Ils délirent, ils voient une oasis, se mettent en maillot de bain, courent, plongent dans le sable... On voit vraiment de l'eau dans le désert quand le soleil est de plomb coulant. Et ma bagnole qui est encore si loin.
Fixité du rocher, collé au rocher pendant trois heures. Je pense aux exégètes de "la chose" qui ont écrits : - Souviens-toi homme, tu es poussière et tu redeviendras -
S'est pas gourré le mec. En poussière tout se finit. En poussière fine, blanche. Comme la poussière des Bardenas qui me fait maintenant un masque sur le visage. L'idée me plaît assez finalement au lieu de gamberger avec d'hypothétiques réincarnations dans le corps d'un dauphin ou dans celui d'un autre G. Clooney. De la poussière et "Basta" comme dirait DEB.
Les Bardenas resteront mes amours mortelles. La "San Miguel"éperdument glacée, bue dans la soirée à Ejea de los Caballeros eût goût d'ambroisie. Sol y polvo. Mon Espagne.