Aujourd'hui la Banque Nationale Suisse est intervenue en injectant des liquidités ici [d'où provient la photo] à hauteur de 80 milliards de francs pour éviter une nouvelle appréciation du franc suisse.
Ce qui porte à 200 milliards de francs le total des liquidités injectées par elle, entendez par là les avoirs en compte de
virement détenus chez elle par les banques :
- le 3 août 2011, 50 milliards de francs s'ajoutaient au 30 milliards de francs déjà détenus
- le 10 août 2011, c'était 40 milliards de francs supplémentaires
- aujourd'hui, 17 août 2011, ce sont donc 80 milliards de plus.
Le but poursuivi est de rendre le franc suisse moins attractif en abaissant artificiellement ses rendements. Ce qui est
arbitraire et ne changera pas le problème de fond que posent les mauvais élèves de l'économie que sont les pays de la zone euro, tous autant qu'ils sont, même s'il y en a parmi eux de moins
mauvais, tels que l'Allemagne.
Pour quels résultats ? Après avoir frôlé la parité dans la journée du 2 août, l'euro passait de 1,08 franc
suisse à 1,10 franc suisse le 3. Il ne valait plus de nouveau que 1,08 le lendemain... et, le 10 août, 1,04. Le 11 août il remontait à 1,09. Avec la reprise des marchés, sans
intervention de la BNS, il remontait à plus de 1,10 en fin de semaine dernière.
Aujourd'hui, avant l'intervention de la BNS, l'euro plongeait de 1,15 à 1,12 et remontait à seulement 1,14, après cette
intervention. En somme un coût élevé pour des résultats modestes. La BNS, qui ne veut pas donner l'impression qu'elle ne fait rien, envisage d'autres mesures tout aussi coûteuses et
inutiles telles que l'acquisition d'euros sur le marché des devises. La perte de l'an passé ne semble pas lui avoir servi de leçon.
Dans ces circonstances le Conseil fédéral, réuni ce matin à Sierre, a décidé de consacrer les 2 milliards de francs d'excédent budgétaire prévu cette
année à soutenir l'économie suisse ici :
"Le Conseil fédéral a conscience que les 2 milliards de francs qu'il entend engager en vue
d'atténuer les effets de la force du franc et de soutenir l'économie suisse représentent un montant très élevé. Il souhaite renforcer les secteurs frappés de plein fouet par la situation de
change défavorable et prévenir la délocalisation d'emplois à l'étranger."
Le but, là encore, est louable, mais il est arbitraire de vouloir "renforcer les secteurs frappés de plein fouet par la situation de change défavorable" et
pas les autres. Les secteurs en question seraient le tourisme et l'industrie d'exportation. Des mesures seraient également prises en faveur de l'innovation, de la recherche, des infrastructures
et des consommateurs. On retrouve l'idée que c'est l'Etat qui est le mieux à même de redistribuer l'argent ponctionné aux autres.
Pour le moment cette intervention programmée n'est pas détaillée. Elle ne sera effective de toute façon que dans quelques semaines, après approbation par le Parlement. En
attendant, on retiendra un seul aspect nettement positif : la volonté d'améliorer les conditions-cadre économiques en Suisse. Il est regrettable que ce ne soit - semble-t-il - qu'au
bénéfice de cibles bien déterminées... de manière parfaitement étatique.
Francis Richard