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Taux zéro = croissance zéro !

Publié le 18 août 2011 par Lecriducontribuable
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Pour faire face à la nouvelle réplique de la crise financière (ouverte en août 2007, plus de quatre ans déjà…), l’oligarchie politico-financière mondiale qui nous gouverne a pris plusieurs décisions. Toutes également néfastes !…

- La première a consisté, pour tous les gouvernements concernés de la planète, à réitérer leur engagement solennel à payer leurs dettes. On a l’impression d’entendre la cigale de la fable : « Je vous paierai…, foi d’animal…. »

Cette répétition quotidienne est évidement suspecte. Comme une entreprise de bourrage de crânes. D’autant qu’elle n’est assortie d’aucune précision crédible, d’aucun calendrier. Ni aux Etats-Unis, ni en Grèce, ni en France.

A Paris, une réunion d’urgence à l’Elysée aboutit à redire que le déficit budgétaire de l’Etat en 2012 sera limité quoi qu’il arrive à 4,6% du PIB. Et on maintient une prévision de croissance à 2%, malgré un 2ème trimestre à 0%… Ce n’est manifestement pas à la hauteur de la question posée. Il faudrait changer à la varlope. Ou sortir la hache…

- La seconde se traduit par une pression toujours plus forte vers la mutualisation des risques. Les pays faibles veulent forcer les pays plus forts à leur apporter leur caution. L’objectif est toujours le même : ne pas rembourser !

- La troisième réside dans la monétisation des dettes. Comme la Federal Reserve, la Banque Centrale Européenne met à son bilan des bons ou des obligations du Trésor de différents pays en difficulté pour soulager la pression des vendeurs et ainsi limiter l’écart de taux entre pays faibles et forts.

C’est parfaitement illégal. Formellement interdit par les traités européens. Cela s’analyse comme de la manipulation éhontée. Mais en outre, comme ce sont les contribuables des pays de la zone euro qui garantissent la solvabilité de la BCE, cela revient à imposer une nouvelle charge aux citoyens-contribuables en question.

- La quatrième est due à la banque centrale américaine. Lors de la dernière réunion de son comité de politique monétaire, la FED a en effet décidé de s’engager à maintenir une politique de taux zéro pendant deux ans.

Pour les banques, c’est évidemment une bonne nouvelle. Elles vont pouvoir aller au guichet de la FED et emprunter à ce taux de l’argent qu’elle reprêtent aussitôt au gouvernement américain pour ses fins de mois. La différence va leur permettre d’accumuler des profits et d’améliorer leurs fonds propres. Tant mieux pour les nababs de la sphère financière !

Mais pour la sphère de l’économie réelle, cette politique – contrairement à ce que l’on essaye de nous faire croire – est simplement catastrophique. Car, contrairement à ce que pense M. Sarkozy, les taux d’intérêt artificiellement bas sont très mauvais pour l’économie.

Quand le crédit est gratuit, les mauvais projets se financent aussi facilement que les bons. Or ce ne sont que ceux-là seuls qui peuvent créer de la richesse.

Le Japon l’a expérimenté pendant 20 ans : le crédit à taux zéro empêche la croissance économique. Mais au Japon dans les années 90, comme aujourd’hui aux Etats-Unis, et partout ailleurs dans le monde, il ne s’agit que de sauver les banques, nouvelle ligne Maginot de la pensée unique oligarchique.

Il faut d’urgence revenir à des principes simples et sains :

* Comme les dettes doivent être payées, tout débiteur doit pouvoir à tout moment présenter un plan crédible de remboursement. Ce qui est vrai pour une PME doit également l’être pour les Etats.
* Nul ne doit être au-dessus des lois. Personne ne doit pouvoir être assuré d’échapper à sa responsabilité, faillite comprise.
* Les manipulations monétaires, taux d’intérêt compris, sont contre-performantes. Elles devraient pouvoir être sanctionnées par les citoyens, qui devraient pouvoir en prendre l’initiative.

Par les temps qui courent, il est souvent question de la «dictature» des marchés. Je suis pour ma part plutôt frappé par la dictature de l’oligarchie

Marine Le Pen constate : «C’est sur les marchés exclusivement qu’on peut emprunter. Ils peuvent nous imposer leurs conditions, nous imposer des taux d’intérêt élevés. Ils peuvent donc spéculer sur notre dette».On pourrait chipoter. L’Etat ne se gêne pas pour prendre directement l’épargne des Français dans leur poches. Mais, en gros, c’est exact.

Et c’est heureux ! Car quand la banque de France, redevenue souveraine, pourra, comme dans les années 50, financer directement la dette publique, il est à craindre que l’Etat s’endette non pas moins mais plus.

Les marchés ne font qu’indiquer la température. Ils ne sont responsables ni de la maladie ni des soins à apporter au malade. Ils réagissent, parfois violemment c’est vrai, aux informations multiples qu’ils recueillent. Avec leurs dizaines de milliers d’opérateurs, indépendants les uns des autres, ils valent mieux que ces clownesques aréopages de politiciens dangereux.

Alain Dumait – www.dumait.fr

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