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La dette n'est pas le problème

Publié le 18 août 2011 par Galuel
Billet invité de l'économiste Yoland Bresson
Une forme d’hystérie collective s’est emparée du monde occidental. Chefs d’Etat, commentateurs, médias, la diffusent à satiété. Une claire convergence d’intérêts immédiats peut expliquer ce phénomène. Les adversaires politiques à l’approche d’échéances électorales, aux Etats Unis les républicains, la gauche en France et les futurs candidats opposants de Nicolas Sarkozy… se servent de la dette pour délégitimer les pouvoirs en place. Les médias se nourrissent de la peur et du catastrophisme. Les agences de notation se gonflent de leur importance compensant leurs errements antérieurs au moment des subprimes.
Mais comment tous ces experts pourraient nous expliquer que devant une telle défiance des préteurs, les taux d’intérêts à long terme soient historiquement bas ? C’est qu’en face de liquidités abondantes et d’une offre de fonds prêtables élevée, la demande d’investissement de long terme est bien faible. Pourquoi ? Parce que sommés de réduire leurs déficits, les Etats pensent ne plus avoir de capacité de financement, que toute leur attention est tournée vers la mobilisation de fonds de précaution pour contrer les ventes spéculatives massives qui pourraient survenir sur les titres publics de la Grèce, de L’Espagne, de l’Italie…de la France, et que la BCE participe à ces sauvetages de précaution. Ainsi l’extrême rigueur est posée en vertu salvatrice, les peuples souffrent, la croissance s’étiole et l’hystérie développe un processus auto-réalisateur. Quelle erreur !
La dette n'est pas le problème Yoland Bresson
Plutôt que de lutter contre la spéculation, la BCE devrait apporter aux Etats Européens le financement d’un programme concerté d’investissements publics, en Grèce pour améliorer l’efficacité administrative en priorité, en Allemagne la sortie du nucléaire puisqu’elle l’a décidé, partout des infrastructures, de la recherche et du soutien aux innovations…Cela n’empêche pas de faire observer une gestion des dépenses courantes des Etats moins dispendieuse. C’est par la croissance ainsi stimulée que le poids de la dette s’allégera.
Mais il faudra aussi simultanément que l’Europe s’engage dans une série de réformes indispensables. Une amélioration de la compétitivité en transférant tout ou partie des charges salariales abondant la protection sociale vers une TVA sociale et environnementale, en forme de neutralité sur les prix des produits fabriqués en Europe, mais accroissant d’autant le prix des produits importés.
Une refondation de la protection sociale en instaurant un revenu d’existence inconditionnel, cumulable avec tout revenu d’activité. Ce serait en même temps l’occasion de changer le mode de création monétaire. En distribuant la base monétaire aux particuliers, que la création de monnaie scripturale démultiplie, on inverse la pyramide reposant actuellement sur sa pointe et s’élargissant vers le haut par empilement de dettes.
Ajoutons qu’une taxe sur les transactions financières augmentant le coût du risque spéculatif est le moyen le plus efficace de brider, un peu, la spéculation.
Yoland Bresson
Professeur Emérite d’Economie. Paris XII

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