L’Office National des Forêts (ONF) vit une période difficile :
24 de ses employés se sont suicidés en l’espace de 6 ans.
Au delà des caractéristiques-mêmes du métier (solitude, isolement), des dysfonctionnement en terme de management pourraient être à la source de cette crise. Les syndicats déplorent en effet l’évolution des conditions de travail vers un besoin de rentabilité croissant et un élargissement de l’espace de travail lié à une diminution des effectifs. Ces conditions auraient créé un climat de mal-être dans la profession.
Pour faire face à cette situation, des dispositions ont été prises. L’ONF a notamment mis en place un numéro vert d’écoute psychologique et demandé un audit pour mieux comprendre les causes du mal-être et pouvoir y répondre de façon adaptée.
Des progrès sont à faire pour beaucoup d’entreprises :
De plus en plus d’entreprises font face à ce genre de situation. Les accords d’entreprises sur les risques psycho-sociaux, lancés en 2009 par Xavier Darcos pour les entreprises de plus de 1000 salariés, n’ont pas été aussi efficaces qu’on l’avait espéré. Certes, d’après la Direction Générale du Travail (DGT) près d’une entreprise de plus de 1000 salariés sur deux est parvenue à un accord avec les partenaires sociaux. Mais la CGT regrette que ces accords soient souvent peu précis et n’engagent pas directement la Direction générale.
Dans une interview donnée à Novethic, Vincent de Gaulejac, directeur du Laboratoire de changement social de l’université de Paris 7-Diderot, analyse le problème actuel : nous serions dans un système de « création destructrice » par opposition au modèle de « destruction créatrice » développé par Schumpeter. Selon lui, ces destructions liées à l’activité économique touchent :
- L’environnement ;
- La société ;
- Les salariés (Risques Psychosociaux).
Un coût non négligeable pour l’entreprise
D’un point de vue financier aussi, l’entreprise a tout à gagner en prévenant les Risques Psycho-sociaux. De plus en plus souvent les Prud’hommes jugent que l’entreprise a commis une « faute inexcusable » en n’empêchant pas un drame d’arriver. Les indemnités que l’entreprise doit payer peuvent alors atteindre des sommets, entre les différents préjudices subits par l’employé qui font l’objet d’une compensation, le prix à payer peut atteindre plusieurs dizaines de milliers d’euros. L’avocat Michel Ledoux indique que le coût moyen d’un suicide pour l’employeur serait de 380 000 euros et pourrait aller jusqu’à 500 000 euros si la « faute inexcusable » est reconnue.
C’est pourquoi il est nécessaire pour l’entreprise de mettre en place des actions de prévention efficaces. Novethic donne l’exemple d’une entreprise du BTP qui a mis en place un « programme d’échauffement musculaire (…) chaque matin sur les chantiers », le nombre d’accidents du travail aurait ainsi été divisé par deux en un an.
Il n’y a pas de doute : mieux vaut prévenir que guérir !
Source : Novethic