Est-ce que j’avais encore trop en tête le dessin animé de Walt Disney? Toujours est-il que je n’ai jamais pu entrer dans l’histoire d’Alice alors qu’en général, je suis assez sensible au monde de l’enfance et à son imaginaire.
Nous connaissons pratiquement tous parfaitement les aventures de cette petite fille et pourtant, sans trop savoir expliquer pourquoi, je me suis vite sentie mal à l’aise au fil des lignes. Mon ami Jean-Marc qui savait que je m’étais plongée dans « Alice au pays des merveilles« , m’a envoyé une série de photographies prises par l’auteur, Lewis Carroll. J’ai découvert que celui-ci aimait beaucoup prendre en photo les enfants, nus ou alors, prenant des poses lascives auprès d’adultes. Tout d’un coup, ce sentiment dérangeant que je n’arrivais pas à expliquer et qui m’avait étreint lors de la lecture, prenait tout son sens. Je vous laisse juge. Je suis pratiquement certaine qu’après les avoir vues, vous ne relirez plus ce célèbre classique de la même façon…
À la fois roman d’introspection et conte merveilleux, Alice au pays des merveilles est le récit, mené de bout en bout sur un rythme époustouflant, de l’intemporelle question de l’identité.
Enfant déroutante, naïve et réceptive jusqu’à l’extrême, Alice fait la rencontre d’une multitude de personnages improbables qui seront autant d’ouvertures sur un monde où le cadre spatio-temporel est bouleversé, où les repères linguistiques ne sont plus fiables, où la peur voisine avec le jeu.
Or, si Alice est aussi sensible à toutes les bizarreries qui l’entourent, c’est sans doute qu’elle a une prédisposition. Elle a beau tenter de se raccrocher à la norme, elle a la particularité d’incarner deux personnalités à la fois afin de se créer une partenaire de jeu. L’auteur fait également part de ses monologues argumentateurs douteux, où l’amour du raisonnement s’exprime par un illogisme flagrant. Alice au pays des merveilles est un détour par la folie enfantine pour désigner, sur le mode ludique, la part de folie qui se camoufle chez l’adulte.