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La guerre invisible

Publié le 20 août 2011 par Martinpetit

Ok soyons honnête, la période 17-21 ans est parfois difficile à vivre et donne lieu à des poursuites esthétiques épiques.  Hier 2 spécimens de ce qu’on appelle affectueusement des douchebags, sont arrivés, en retard, à mon spectacle.  S’étant trompés d’entrée, ils ont dû passer devant la scène rejoindre leur banc, ce qui m’a « obligé » à m’attarder à leur cas.  Ceux qui me connaissent savent que je ne suis pas cruel mais il y avait matière à rire, 2 gars habillés pareil, jeans, t-shirts blancs avec des dessins argentés illustrant rien, et des casquettes bleues retournés.  Douchebag attitude assumée, les 2 gars avaient l’air de 2 aveugles dans une librairie, des filles pleuraient de rire dans les premières rangées.  Bref ils ne sont pas restés pour la 2ème partie, heureusement car ça parle de religion et de politique…

Autant internet que les centres d’achats de région comme Laval, regorgent de spécimens de jeunes complètement pitounés et breloqués à l’extrême, provoquant chez l’adulte des spasmes cervicaux potentiellement fatals.  Ces enfants-avec-des-voitures ont 20 ans en moyenne et lors d’un stimulant dîner avec l’excellente blogueuse et femme de lettres Catherine Voyer-Léger nous évoquions leur base culturelle, au sens large.

Je m’en prend ici à la dérive de la télé-réalité qui c’est imposée il y a 10 ans comme une forme légitime de divertissement, fracassant des records de cotes d’écoute, et méritant l’attention passionnée des journaux comme le JDM et LaPresse.  Les plus fragiles auditeurs de ces émissions où les effets les plus racoleurs servent de trames de fond à l’exposition des faiblesses intellectuelles sont les enfants.  Or les douchebags, d’aujourd’hui avaient 10 ans quand sont apparus : Lobotomie Story, Pénétration Double and co.  Les voilà nos petits garçons qui ont grandis en regardant « des adultes » , (les plus tatas du troupeau), devenir des vedettes célébrées comme des artistes ou des athlètes, invités aux mêmes émissions culturelles, légitimisés par la puissance de nos médias.

Les voilà les pauvres, des airs de chevreuils perdus, ne comprenant rien de la vie en dehors de leur discothèque locale.

La culture c’est large.  Foglia parle d’une rivière boueuse.  Forcément cette rivière a une direction.  Nous avons ouvert des digues il y a quelques années et la rivière a fait son lit.

Vous avez été choqués peut-être par cette entrevue avec Margie Gillis.  Ce n’était pas une erreur, c’était une maladresse du pitcher, mais la cible reste la même, on attaque l’idée que l’homme peut s’élever à travers l’accès aux arts et à la culture.  Cette idée est maintenant attaquée par des forces qui disent que l’homme peut s’élever à travers l’accès à des courses de char, de la bière et à une esthéticienne.

Il y a beaucoup de confusion sur le sens des mots : culture, art, artiste, éthique, dignité, intégrité, spectacle, divertissement.  Les responsables de cette confusion sont les artistes, les journalistes culturels, tous les intervenants culturels des arts et de l’enseignement qui ont pliés devant l’appétit commercial du clinquant et du superficiel.  C’est notre faute.

Il y a comme une guerre froide au sujet de l’avenir de la culture et les douchebags sont peut-être les premiers dommages collatéraux.


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