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Lettre ouverte à Mme la Ministre de l’Ecologie

Publié le 21 août 2011 par Legraoully @LeGraoullyOff

Lettre ouverte à Mme la Ministre de l’Ecologie

Madame la Ministre,

je vous présente par avance mes plus plates excuses, et croyez-moi bien désolé de troubler votre quiétude en votre résidence estivale, où vous goûtez sans doute aux joies d’un repos amplement mérité après que la catastrophe de Fukushima a  failli faire douter nos compatriotes de l’utilité d’avoir une soixantaine de bombes à retardement sur notre territoire. Mais là n’est pas mon propos. Si je m’adresse à vous, qui êtes l’hôte, que dis-je, le Superphénix des bois ministériels, c’est pour vous demander de bien vouloir prendre les mesures qui s’imposent contre une espèce de nuisible qui menace tout un écosystème. J’en appelle à votre instinct de femme et de mère, et bien que la honte empourpre mon visage à l’idée d’utiliser un cliché aussi éculé, j’ai l’audace de penser que cette ruse que vous utilisez si souvent sur votre électorat pour faire passer votre révoltante politique « migratoire » ne vous laissera pas indifférente. Je ne vous mets pas en cause personnellement, j’ai parcouru votre livre, « le front antinational », et j’ai trouvé ça très mignon, Marine Le Pen doit encore en trembler dans son mirador de vacances.

J’ai donc l’honneur de solliciter de votre part l’abattage systématique des bergers qui sèment la désolation dans nos montagnes et nos prairies. Comme vous le savez sans doute, le berger est un animal assez proche de l’Homme d’un point de vue génétique, mais Dieu merci plutôt éloigné d’un point de vue géographique. Malgré des études approfondies dans l’ensemble du biotope que recouvre le territoire de l’espèce, il est encore assez difficile de déchiffrer les borborygmes émis par les individus rencontrés. On leur connaît seulement une certaine aptitude à mener paître des troupeaux d’ovidés et de caprins, et à produire à partir du lait d’iceulx un fromage, dont l’aspect assez repoussant cache en fait un goût franchement dégueulasse.Mais aussi, avec la peau desdites bêtes, des vêtements hideux que le plus démuni des sans-abri rejetterait avec dédain. Pas de quoi fouetter un secrétaire d’Etat, me direz-vous.

Seulement, le berger n’est pas le seul habitant des cols et des patûres qui nous séparent avec une justesse qu’on jurerait pensée à l’avance par Dieu, des futurs tiers-mondistes espagnols et italiens. Jadis, nos frontières naturelles et nos forêts étaient peuplées de loups, qui sont une sorte de chien sauvage à qui l’on prête une extrême férocité. Bien que cette réputation soit dépourvue de la moindre parcelle de vérité, (et bien qu’elle soit toujours pratique pour éloigner les enfants bruyants de son logis), elle a entraîné un véritable lupicide aggravé par la déforestation. L’un des animaux les plus splendides de la Création, juste après vous et votre crinière léonine, Madame la Ministre, est tellement honni dans nos contrées que la pauvre bête a même été contrainte de poser pour des tee-shirt à l’effigie de Johnny Halliday. Le loup, qui comme le berger ne sait pas lire, ne dispose pas de papiers d’identité et entre parfois clandestinement sur notre territoire, pour y dérober qui un gigot d’agneau, qui une poule quand, rendu fou par la solitude, il se prend pour un renard. Et c’est là que se noue la trame de la déchirante décision que je vous implore de prendre.

Le berger, qui n’aime que les animaux réduits à la condition ouvrière ou en sauce avec son immonde lait caillé qu’il a le culot de faire passer pour un produit du terroir, est jaloux du loup qui ne tue que poussé par la faim et par le même pur instinct qui conduit nos congénères à se reproduire  et à perpétuer l’immémoriale population de notre France éternelle. Aussi, je vous  demande de bien vouloir faire tout ce qui est en votre pouvoir pour empêcher l’espèce bergère de se mettre en travers du rayonnement de notre Mère Patrie, d’appeler au boycott de toute la production de ces sauvages, et de procéder sans délai à l’abattage du cheptel dont le pouvoir de nuisance est inversement proportionnel à l’effectif des loups et des ours à qui le pâtre cruel a fait subir les derniers outrages.

Comptant votre amour de l’environnement qui je l’espère vous conduira un jour à l’Elysée quand, grâce à votre diligence, on en aura délogé le berger, je vous prie d’agréer, Madame la Ministre, l’expression de mes sentiments les  meilleurs.

Votre dévoué chroniqueur immondain.


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