AU ROYAUME DES MOTS ÉTOILES
like some line on a page
is loved, and it’s hard to turn.
Derek Walcott
Le scripteur est bien aise et joyeux de ce mot coronille, d’autres encore qui disent choses et monde, la lune, le fuchsia, le merle, le rouge-gorge, le cerisier, la belle-de-nuit, la source. Coronille offre plusieurs fois l’an ses fleurs jaunes sans or, son suave parfum, et ne revendique tiare ni diadème. Merle et cerisier font chanter Noir Désir : rouge le temps des cerises, rouges tes mamelons et ton rire de gorge qui renverse ta tête et découvre tes dents d’une blancheur de lait.
Supposons un laps que nous ignorions lune et source : quelle serait notre vie ? Nous disons lune, et sitôt ressentons contre vents et marées l’attraction de la terre le firmament solide, lune est nommée dans tous les idiomes, aucun tabou ne pèse sur son nom. Quant le désir s’accroît, on désire la lune, sa tendre lueur blanche au milieu de la nuit.
Et le jour en devient plus doux, souvent moins effroyable. La nuit a sa manière d’être hôtesse du jour, prenant grand soin de lui : sans elle, qui verrait les lucioles ? C’est pendant ce temps que s’épanouissent les belles-de-nuits comme des lèvres d’une source, lèvres humides altérantes désaltérantes, lèvres mouillantes miraculantes, lèvres de tendreté qu’on ne peut oublier, leur courbure leur texture et leur odeur leur moiteur leur finesse leur pulpe un peu salée.
François LAUR
Carcassonne, 21-22 août 2011.