Il m’arrive quelquefois de lire Le Monde. Souvent, d’ailleurs, j’en conçois un violent dépit, mais cela doit agir comme une drogue : après quelques temps, je replonge !
Aujourd’hui, je suis tombé sur cet article, au titre intriguant : « Borloo propose un plan de 20 milliards d’économies pour réduire le déficit ». Comment donc ? Il se trouverait, parmi la clique politicienne qui tente vainement de gérer ce pays, enfin, un gars sensé ? Très surprenant, pour le moins, surtout si c’est Jean-Louis Borloo…
Là, j’aurais dû me méfier. Non, le Père Noël n’existe pas et les contes de fées ne sont que des contes. Pourtant, je n’ai pu m’empêcher de lire l’article. C’est en fait le copier-coller d’une dépêche AFP reprise également par L’Express et Le Parisien. Lisez-vous aussi et faites-moi signe si vous trouvez trace de la moindre réduction des dépenses publiques, comme le suggérait pourtant joyeusement le titre…
Pour être honnête, il y en a une : Borloo proposerait de diminuer le revenu des élus… de 5% ! Avant de commenter : « Ce n’est pas cela qui va changer le déficit du pays, mais ça veut dire qu’on se mobilise et ça a valeur d’exemple ». Faut-il rire ou pleurer ?
Pignouferie de presse dirait H16.
Car 95% de l’article n’est qu’une longue litanie de taxes et d’impôts augmentés ou nouveaux sortis tout droit du chapeau de Borloo. Mieux que les promesses publicitaires des fabricants de lessive, celui-ci annonce qu’ainsi, il existe une « alternative » à la rigueur et qu’« On peut très vite revenir dans un système vertueux sans toucher aux revenus des ménages, ni à l’activité. » Encore un qui n’a manifestement rien compris.
En guise de cerise, je vous laisse goûter cette savoureuse remarque sur les transactions financières que Borloo veut passer au hachoir fiscal : « C’est la seule activité qui n’est pas taxée ! » Au moins, ça a le mérite d’être clair. Rien ne doit échapper à l’État ! (Il y a aussi l’évocation rigolote d’une taxe « exceptionnelle », et juré-craché que pour trois ans, sur les très hauts revenus.)
En tout cas, je ne savais pas, moi, que « plan d’économie » voulait en fait dire « augmentation de la pression fiscale ». Pour Borloo et les pignoufs folliculaires, apparemment, si.