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Le nouveau régime libyen ne sera pas forcément pire

Publié le 24 août 2011 par Copeau @Contrepoints
Tripoli sous les bombes

(c) MAHMUD TURKIA/AFP/Getty Images

Je sais que le pessimisme fait partie des gènes des conservateurs, mais essayons de regarder du bon côté des choses.

Non seulement avons nous pu nous débarrasser de nos ennemis, mais nous avons peut-être aussi réussi à placer nos alliés à leur place. Le régime de Kadhafi a perpétré ce qui, selon la plupart des lois internationales, pourrait être qualifié d’actes répétés de guerre contre le Royaume-Uni : le meurtre de Yvonne Fletcher, le soutien actif de l’IRA, l’attentat de Lockerbie. Cet historique n’est peut-être pas si surprenant si nous nous rappelons qu’il a toujours justifié son putsch comme une révolte anti-coloniale contre la monarchie soutenue par les Britanniques.

Les Sénussi, qui ont reigné sur la Libye entre 1951 et 1969, sont un des rares exemples de dynastie indigène qui a émergé avec le soutien réel du peuple. Ce soutien, cependant, était plus fort en Cyrénaïque qu’en Tripolitaine : les débats qui entourèrent l’adoption de la première constitution libyienne étaient largement répartis entre les délégués de l’Est et de l’Ouest, les premiers cherchant à accorder un pouvoir fort au roi pendant que les derniers voulaient que ces pouvoirs aillent à l’Assemblée Nationale. D’un certain sens, les combats des derniers mois n’ont été que la résurgence de ces anciennes lignes de fracture : les supporters de l’opposition, basés essentiellement en Cyrénaïque, transportaient avec eux le vieux standard royal et des images du Roi Idris. Les supporters de Kadhafi, eux, étaient massivement à l’Ouest.

Parce que le Royaume-Uni a supervisé la naissance d’une Libye souveraine, les opposants des Sénussi les ont toujours dépeints comme des marionnettes des Britanniques, et Kadhafi a présenté son coup d’état comme faisant partie de la lutte plus large menée par Nasser contre les puissances occidentales.

Les affirmations du colonel malade sont difficiles à réconcilier avec le fait que la Grande-Bretagne a démis la puissance coloniale et aidé l’indépendance libyenne. Néanmoins, il fut vrai que les Sénussi, bien que nous ayant combattus pendant la première guerre mondiale, étaient devenus anglophiles dans les années 40, et marchèrent à côté de nous contre les Italiens. Quand Kadhafi débuta son règne de terreur, le roi Idris et la plus grande partie de sa famille fuirent à Londres, où l’actuel prince en titre vit encore aujourd’hui.

Tout ceci n’est bien sûr pas un argument pour dire que la Grande-Bretagne doit encourager le retour de la monarchie libyenne : c’est une question qu’il n’appartient qu’aux Libyens de répondre. Mais simplement, il est bon de nous rappeler, au milieu de toutes nos sombres prévisions, que le peuple qui a perdu était notre ennemi déclaré et que celui qui a gagné est un vieil ami.
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