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Coup de froid Finlandais sur l’Europe !

Publié le 24 août 2011 par Nicolas007bis

InquiètesDire que la mise en œuvre du plan européen de soutien à la Grèce a été délicate serait un doux euphémisme.

Au-delà des difficultés techniques liées à l’obligation de constater que la Grèce ne pourra pas rembourser l’intégralité de sa dette dans ses modalités d’origine, tout en faisant comme si elle en avait la capacité mais que ça serait mieux si on trouvait un arrangement sans qu’il soit évidemment question de défaut de paiement, l’Europe a surtout été, encore une fois, confrontée à des divergences politiques fortes entre ses membres.

On ne va pas revenir sur ce qui a déjà été dit maints fois, et qu’on pourrait résumer de la manière suivante : les pays les plus vertueux (du Nord) rechignent à soutenir financièrement les paniers percés du Sud avec de l’argent public ….Et seule la crainte d’un effet de propagation à d’autres pays plus importants, avec les conséquences catastrophiques que cela aurait pour l’euro, a permis de trouver un compromis tardif et probablement insuffisant.

De ce point de vue, la crise révèle bien, que pour beaucoup, le concept de solidarité qui, lorsque tout va bien, est si souvent et si facilement exhibé comme une des qualités première de nos beaux, généreux, gentils et intelligents pays européens ….part en vrille dès qu’on en a besoin !

Mathieu, rappelle fort justement que les situations de crise sont propices à la mise en cause de boucs émissaires qui comme le baudet de la fable deviennent responsables de tous nos maux !

Sans aller nécessairement jusqu’à dire que les Grecs et pourquoi pas, les Portugais, les Irlandais et les Espagnols sont responsables de la crise, beaucoup en Allemagne, aux Pays-Bas, en Autriche ou …en Finlande, considèrent que l’Europe et l’Euro se porteraient beaucoup mieux sans ces boulets en forme de cochons !

Malgré son accouchement difficile, le plan de soutien européen faute d’avoir complètement rassuré sur la capacité de l’Europe à faire front commun devant l’adversité, a quand même le mérite d’exister et d’avoir, provisoirement, assuré la survie du maillon faible. Les optimistes le considèreront comme une première étape avant d’aller beaucoup plus loin dans une gouvernance économique et budgétaire commune et des emprunts communs (eurobonds).

Hélas, les optimistes ne risquent pas de le rester bien longtemps !

La Finlande a récemment négocié directement avec les Grecs pour obtenir en échange de leur part dans le prêt européen, un collatéral, c'est-à-dire une somme en garantie qui même si elle n’est pas encore précisément fixée pourrait s’élever à 1 milliard d’euros, c'est-à-dire à l’équivalent de sa part dans le FESF (Fonds européen de stabilité financière) !

En clair, le gouvernement Finlandais, sous la pression de son Parti Nationaliste, et sous prétexte de ne prendre aucun risque avec les deniers publics, réclame d’une main ce qu’il a donné prêté de l’autre.

Les Grecs qui ne sont pas à une incohérence près, ont accepté, dans le cadre d’une discussion bilatérale avec les Finlandais, le principe du collatéral au risque de perturber gravement le plan de soutien européen.

Et ce qui devait arriver, arriva, les Pays-Bas (même s’ils sont revenus ensuite sur cette idée), l’Autriche et la Slovaquie se sont aussi tôt dit, pourquoi pas moi, et s’apprêtent à exiger également des garanties en échange de leur prêts !

Même la Ministre du Travail allemande, également vice-présidente de la CDU, a soutenu cette idée de conditionner à l'avenir l'octroi des fonds de sauvetage européens à des garanties financières !

La ministre a même suggéré que ces collatéraux prennent la forme de « réserves d'or ou de participations dans des entreprises industrielles publiques »...en clair, vous remboursez ou on vous dépouille de votre patrimoine !.

Elle est belle la solidarité !....le plan « commun » est à peine traduit dans les 17 langues de la zone euro que chacun y va de ses petites exigences personnelles au risque de tout faire capoter !

Il est pourtant clair que si tous les pays européens qui participent au plan de sauvetage, et notamment la France et l’Allemagne, exigent un collatéral en échange de leur aide, ce plan perd non seulement de sa substance (si tout le monde demande 1 milliard de collatéral pour 1 milliard prêté, il va y avoir un problème) mais l’Europe toute sa crédibilité !....

En essayant de grappiller, plus ou moins en douce, une garantie à son apport au plan de soutien, le gouvernement Finlandais cède à la pression nationaliste d’une grande partie de sa population pour laquelle l’Europe est de moins en moins une belle idée !

Certes, la manière qu’ont les Flamands de considérer les Wallons avec condescendance, le mépris de la Ligue du Nord vis-à-vis de l’Italie du Sud sans parler des tensions entre les cousins Kosovars et Serbes ou Turcs et Grecs, nous avaient déjà largement alertés sur les limites de la solidarité entre des populations pourtant extrêmement proches, mais l’Europe s’est construite autour de ce concept et sans solidarité elle perd tout son sens !

En ouvrant une brèche dans le fragile consensus qui a amené à organiser le sauvetage de la Grèce, et en refusant toute tentative d’intégration budgétaire voire même d’émission commune d’eurobonds, les Finlandais font plus que se foutre de la gueule de leurs partenaires, ils affirment leur repli sur eux même et leur refus de toute solidarité européenne … ils balancent un très mauvais coup de froid sur l’idée même de l’Europe !


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