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Une réforme en trompe-l’oeil

Publié le 25 août 2011 par Iconomie

Une réforme en trompe-l’oeilLe plan annoncé par François Fillon ressemble à ces trompe-l’œil qui décoraient les escaliers des hôtels particuliers ; si de prime abord, il semble réel et cohérent, on s’aperçoit bien vite de la supercherie à travers les erreurs de perspectives et l’absence de profondeur. Voici comment les choses se présentent : une augmentation des taxes sur les biens inélastiques, ceux que l’on consomment par addiction (tabac, sodas), un rabot sur les niches fiscales déjà rabotées (sic !), une re-fiscalisation des heures supplémentaires, soit une réduction des incitations à produire plus et un risque pour la croissance déjà faible,  un effort supplémentaire des hauts revenus, c’est-à-dire ceux qui investissent, et la fin des exonérations et le durcissement de l’immobilier secondaire, donc par ricochet un marché de la location plus rigide dans un pays où le logement est déjà problématique.

Bref ! Une peinture de hausse générale des recettes de l’Etat pour retrouver un déficit conforme aux obligations européennes.

Rigueur ou règle d’or ?

Mais n’est-ce pas alors une sorte de règle d’or plutôt qu’un plan de rigueur ? Aligner les dépenses et les recettes, ce n’est pas réellement de la rigueur, cela doit être fait, c’est indéniable, particulièrement pour conserver la confiance des financiers, car c’est bien à eux que s’adressent ces mesures, mais ce n’est pas à proprement parler de la rigueur…

Voilà le trompe-l’œil qui apparaît plus clairement.

Une règle d’or, ou pour ne pas faire de polémiques, un comportement tout simplement responsable du gouvernement demeure une bonne chose, mais pour autant, il existe deux façons d’aligner les recettes et les dépenses, soit on augmente les recettes, soit on réduit les dépenses. Seule la deuxième solution représente une politique de rigueur, et seule cette dernière peut assainir durablement l’économie comme le démontre l’exemple allemand qui a durant plusieurs années favorisé l’investissement et l’entreprise pour augmenter la création d’emploi au prix d’un blocage des salaires sans pour autant augmenter drastiquement les impôts; or c’est bien l’autre solution qui a été choisie !

A ce petit jeu, difficile d’affirmer que l’objectif des 3% sera atteint, mais une chose est sûre : la croissance ne repartira pas en continuant à dépenser tous azimuts et en niant la nécessité de réformer en profondeur le rôle de l’Etat : la relance n’a pas fonctionné, les entreprises ne parviennent plus à se créer et les dépenses de l’Etat ont entrainé ces dernières années une éviction de l’épargne du privé vers le public qui a affecté l’emploi. C’est sur ce point qu’il aurait fallu copier l’Allemagne…

Une question de priorités

Finalement tout est affaire de priorités : si on veut avant tout conserver le fameux triple A pour continuer à emprunter et dépenser plus, alors la réforme est peut-être une bonne chose, en revanche, si l’objectif est d’améliorer la situation des Français, il va falloir en faire davantage : augmenter les impôts, soit, mais aussi réduire les dépenses afin de restaurer la confiance des entreprises et des travailleurs français, pour que l’emploi reparte, entrainant dans son sillage, les salaires et la croissance. Et cette confiance là passe avant tout par plus de liberté d’entreprendre, plus de flexibilité sur le marché de l’emploi et plus d’écoute des citoyens : ce qu’ils veulent c’est du travail et du pouvoir d’achat, pas un triple A.



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