La Joconde en 140 points, le cerveau la reconnaît. Ces tableaux dévorés par des fourmis sont reconnus également. Tout est contextuel, formel. L'analyse est subsumée par la synthèse. L'imagination fonctionne sans doute comme ça, elle qui ne mobilise que des désirs d'image, des vides étranges pour être cohérente. L'imagination est ce qu'on croit mettre à la place du réel, ce qu'on croit voir, un écran vide. C'est tellement fort qu'on pense qu'elle est un tissu d'images alors qu'elle en est la pure absence. Elle est ce qui, justement, permet de voir, un a priori névrotique qui emplit d'interrogations à jamais irrésolues l'espace entre notre moi et le supposé réel. L'imagination me donne à voir ce que je ne vois pas tout en ne montrant rien qu'un simple désir inassouvi. Une amnésie d'image, un oubli, une présence de l'absence, la travail permanent du saisissement d'un réel aussi diffus qu'une mer de nuages agitée.