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Saint-André : sitôt nommé, déjà critiqué

Publié le 27 août 2011 par Ansolo

La nouvelle est d'importance, et a mobilisé le landerneau rugbystique depuis plus d'une semaine. La Fédération française de rugby a annoncé officiellement ce qui était déjà très largement connu dans les milieux les mieux informés : Philippe Saint-André succèdera à Marc Lièvremont après la Coupe du monde.

L'ancien capitaine du XV de France, qui emmena son équipe dans la tournée victorieuse de 1994 en Nouvelle-Zélande et conduisit les siens à une imméritée troisième place lors de la coupe du monde 1995 (n'est-ce pas Monsieur Bevan ?), sera donc le prochain sélectionneur du XV de France. Sa venue est facilitée par ce que le président du RCT qualifie de "clause morale" entre le club et son entraîneur, qui lui permet d'être libéré par Toulon dans ce cas de figure. A cet égard, le président Boudjellal a fait montre d'un bel état d'esprit, même s'il ne se cache pas que se séparer de son entraîneur en décembre prochain (date de l'entrée en fonction du nouveau sélectionneur national) lui crée une réelle difficulté.

Philippe Saint-André a manifesté le souhait de travailler avec Patrice Lagisquet et Yannick Bru, deux techniciens aux compétences reconnues. Si, pour le coach biarrot, on peut avancer que Serge Blanco ne s'opposerait pas à son intégration dans le squad, la réaction du président du Stade Toulousain laisse présager davantage de difficultés. A cet égard, on remarque qu'une fois de plus les dirigeants français, qu'ils soient à la Fédération ou dans les clubs, s'ingénient à compliquer un dossier déjà délicat. Le coup de gueule du président Bouscatel n'apparait pas plus élégant que la méthode employée par la FFR pour approcher Yannick Bru.

Passons, tout cela se résoudra, ou pas, l'essentiel étant que la FFR a bouclé l'essentiel du sujet. Quatre ans après avoir choisi un entraîneur de ProD2 sans grande expérience (passé néanmoins par l'équipe de France comme joueur et auréolé d'un titre de champion du monde des moins de 21 ans comme sélectionneur), la Fédération a jeté son dévolu sur un professionnel reconnu, passé par le rugby Anglais, habitué du fonctionnement des structures professionnelles. Si d'aventure celui qu'on surnommait "le Goret" quand il jouait s'adjoignait les services de techniciens aussi doués que Lagisquet et Bru, on pourrait nourrir de belles ambitions pour les quatre prochaines années. 

Evidemment, un nom ne suffit pas à forger un palmarès. Il faut un projet de jeu, un mode de sélection cohérent, mais aussi un partenariat efficace avec les clubs professionnels. L'expérience de Philippe Saint-André, son sens de la diplomatie, pourraient contribuer à fluidifier des relations passablement dégradées entre la sélection et les employeurs des internationaux. Il faudra sans doute plus que cela pour faire du XV de France un rival durable des meilleures nations du sud, mais on peut compter sur PSA pour apporter son écot à cette ambition.

Le bilan de son "futur prédécesseur" n'est pas clos. Il reste encore une coupe du monde à disputer. Mais les derniers résultats du XV de France, l'absence de ligne directrice claire dans le jeu et les inconnues qui planent à certains postes à moins d'un mois du début de la compétition ne permettent pas de verser dans l'optimisme béat. Les plus audacieux voient le XV de France disputer un quart-de-finale face à l'Angleterre et une demie contre l'Australie. Mais réaliser le casse du siècle sur les terres All Blacks pour rapporter en France le trophée William Webb Ellis, personne n'y songe sérieusement.

Sans anticiper sur ce fameux bilan, on peut d'ores et déjà avancer que la déception est à la hauteur des espoirs mis dans Marc Lièvremont, au sortir d'une édition 2007 ratée, après 8 années de magistère de Bernard Laporte.

Cette déception quant au jeu pratiqué et au choix des hommes pour le faire, doit nous garder de tout enthousiame délirant quant à la nomination de Philippe Saint-André. Pour autant, on trouve un peu déplacé les critiques qui commencent à poindre alors que celui-ci n'a pas encore pris ses fonctions. Les traits les plus acérés proviennent de Fabien Galthié, qui a déclaré n'être "pas convaincu" par les récents résultats du coach du RCT.

Evidemment, Saint-André n'a pas remporté le Brennus. Mais ses succès outre-Manche doivent-ils être ignorés ? Les critiques de l'actuel entraîneur de Montpellier résonnent plutôt comme une forme de calcul de la part d'un homme qui n'a jamais caché son ambition et son souhait de prendre les rênes de la sélection. Le procédé ne brille pas par sa finesse, ni par sa délicatesse...

Le Goret n'est donc pas encore en fonctions que certains voient déjà le cochon dans le maïs. Un prudent optimiste devrait pourtant gagner tous ceux qui veulent voir le XV de France enfin prendre l'envergure qu'il mérite, dans l'avenir tout du moins. Car, malheureusement, l'édition de la Coupe du monde qui débute dans moins de quinze jours ne devrait pas changer grand chose à son statut d'éternel outsider. 


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