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Rêver à d’impossibles voyages…

Publié le 29 août 2011 par Paristoujoursparis

Entre 1980 et 1982, Gérard Roig (v. Article le concernant un peu plus bas) publia une feuille humoristique, photocopiée sur les machines de la société Kleber-Colombes : “Le petit responsable”. Gérard était l'un des employés de cette société. Parti en vacances, on lui avait indiqué à son retour, qu'il avait été désigné “responsable” et qu'il assurerait dorénavant - et bénévolement - la sécurité incendie à son étage. Les absents ont toujours tort et Gérard avait été choisi pour cette fonction “secouriste” par des collègues qui ne pouvaient (et ne voulaient) sûrement pas le faire à sa place…

Le côté anarchiste de Gérard fut très agacé par cette sorte de traîtrise et il réagit alors de manière très positive en publiant de manière totalement anonyme, cette feuille du “Petit responsable” qu'il répandit secrètement, tel Fantomas, dans les bureaux de la société. Elle fit grand bruit parmi les membres du personnel. Il me gratifia alors d'un exemplaire de cette “revue” bien modeste à chacune de sa sortie.

Voir Gérard se répandre ainsi et avec cet humour corrosif dans cette feuille de chou, m'étonna au plus haut point. Ce “vieux”, que je trouvais si cultivé, agréable et gentil exprimait une sorte de révolte et cela le rendait encore plus sympathique pour l'adolescent que j'étais. Naturellement conservateur, j'ai gardé précieusement mes exemplaires du “Petit responsable” et j'y retrouve avec émotion et beaucoup d'amusement, l'homme que j'adorais et qui a, un peu trop vite, tourné  au coin de la rue.

Dans ce bulletin, Gérard publia une suite de petits textes : “Histoire et géographie des stations de métro méconnues”. Il se documenta très sérieusement et se rendit sur place à chaque fois pour rédiger ces perles où perce toujours l'humour délicat de son auteur. J'ai choisi de les reproduire dans ce blog où ils ont leur place, sans aucun doute. D'autres extraits du petit responsable suivront.

Et n'oublions pas cette citation de Saint-Exupéry, citée  en tête de chaque bulletin :

“Etre homme; c'est précisément être responsable…”

HISTOIRE ET GEOGRAPHIE DES STATIONS DE METRO MECONNUES

1ère station : Corentin-Cariou, étape sur la route des Flandres.

Prolongée mentalement, la ligne 7 qui suit la rue de Flandre traverserait; Roissy, Avesnes, Charleroi, pour aboutir à Enschede (Frontière allemande). C'est d'ailleurs cet aspect de kermesse flamande qui vous saisit en dé­bouchant avenue C. Cariou (Sorties en tête) : Partout des viandes vous assaillent : “Aux viandes cachères”, “Paris-viandes” (Bavette 32,80 le kg), “La Villette-Salaisons”, gros, demi-gros… et là-bas, coulant, entre ses rives verticales de béton, est-ce le Rhin? Non, c'est le canal St-Denis, et ces visages basanés croisés rue Barbanègre n'ont rien de Hollandais… Avant-dernière des 31 stations de la ligne Mairie d'Ivry - Porte de la Vi1lette (15,380 kms - Durée du trajet 44 mn), cette station se nommait Pont de Flandre jusqu'en 1944. Nous n'avons, malgré nos recherches, rien trou­vé sur Corentin Cariou.

Le pont de Flandre, qui enjambe l'avenue, est le coeur du quartier. Il se prolonge et se dissout le long de l'inquiétante rue Rouvet, derrière des palissades et des baraquements autour desquels rôdent des ombres. Sous une arche, de l'autre côté, un choc vous attend: Une des dernières vespasiennes de Paris, en parfait état de conservation, un modèle super­be. Non loin de là, deux restaurants se font concurrence aux coins de la rue B. Constant : “L'échaudoir” qui offre en prime un spectacle à 25 f, et affiche Maurice Fanon, un artiste qui eut son heure de gloire. En face, c'est “La pièce de boeuf” (I20 f pour 2 personnes).

Il faut aller flâner sur les quais et rêver à d'impossibles voyages…

A droite, quai de la Gironde” un moderne poste de contrô1e d'écluses, bardé d'écrans de télévision, sous les peupliers. A gauche, par contre, quai de l'Allier, quel est ce mystérieux troglodyte qui veille sur des treuils rouillés, dans sa cambuse surp1ombant l'eau noire et huileuse, à la lumière d'une lampe à acétylène, parmi les reliefs d'un modeste repas? Les bouchers passent, indifférents, et ne sauraient pas vous répondre… Sur le bassin de la Villette / Il n'y a pas de goe1ette / Mais dans le fond je m'en fiche /Quand on a bu un coup de vin / Il suffit d'une péniche / Pour se croire en pays lointain… chantait Lys Gauty en I938… 

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Photo : http://www.kimuz.net/


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