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Pourquoi les All Blacks peuvent perdre

Publié le 30 août 2011 par Ansolo

La Coupe du monde qui débutera le 9 septembre prochain est présentée par un grand nombre de commentateurs comme la chronique du sacre annoncé de la Nouvelle-Zélande.

Vingt-quatre ans après le titre remporté par David Kirk et ses coéquipiers lors de la première édition, les All Blacks vont tenter de mettre fin à une incroyable disette.

Comment, en effet, concevoir que la meilleure équipe du monde, incontestable "Brésil du rugby", ne soit pas parvenue à ramener plus d'un trophée à la maison, quand ses deux principaux rivaux de l'hémisphère sud ont remporté deux éditions (l'Afrique du Sud n'ayant d'ailleurs pas participé à la compétition en 1987) ?

Ce seul constat suffit à valider l'hypothèse selon laquelle la Nouvelle-Zélande a un véritable problème vis-à-vis de la Coupe du Monde et de la façon de la gagner. Et permet aux principaux adversaires des hommes en noir de nourrir l'ambition de perpétuer une tradition désormais bien établie : aux Blacks le titre officieux de meilleure équipe du monde, aux autres la coupe William Webb Ellis.

La septième édition de la compétition apparaît à cet égard tout à fait paradoxale. Si elle constitue en effet la meilleure chance pour la Nouvelle-Zélande de vaincre le signe indien, plusieurs facteurs en font un piège redoutable pour ses espoirs de victoire.

Le facteur clé le plus évident reste celui du lieu de la compétition : comme en 1987, la Nouvelle-Zélande jouera chez elle. Elle bénéficiera des atouts habituels que confère ce type de situation : public très majoritairement acquis à sa cause, connaissance de chaque centimètre carré des terrains de jeu, effet "psychologique" inhérent aux rencontres à domicile. A cet égard, on rappellera que les All Blacks n'ont pas perdu de rencontre à l'Eden Park depuis un certain 3 juillet 1994, contre la France.

La France, justement, fait figure d'épouvantail aux yeux des Néo-Zélandais. Chat noir des Blacks, le XV de France s'y entend pour briser menu leurs rêves de titre mondial. D'ailleurs, les media locaux ne se privent pas actuellement de remuer le couteau dans la plaie. Et quand Graham Henry, le coach des Blacks, indique que la dernière déconvenue de 2007 a servi de leçon pour la prochaine édition, on entend comme un aveu dans sa bouche : ils ont été marqués et pourraient bien en pâtir encore. La chance des All Blacks est d'avoir la France dans la même poule de qualification. Une victoire nette le 24 septembre prochain pourrait en effet aider Richie McCaw et ses coéquipiers à couper le cordon avec les mauvais souvenir. Mais s'il fallait recroiser les bleus en finale, qui sait si le syndrôme de 1999 ou 2007 ne réapparaitra pas à la surface ?

Au-delà du cas Français, c'est la capacité des All Blacks à gagner des matchs "à élimination directe" qui est discutée. Graham Henry a évidemment travaillé la question. Mais il reste à démontrer in situ que le problème est réglé.

Le facteur pyschologique, s'il ne doit pas être surestimé, jouera nécessairement un rôle majeur dans le succès ou l'échec des All Blacks. A cet égard, la pression populaire très forte qui pèse sur cette équipe ne doit pas être négligée, d'autant que les récentes catastrophes naturelles qui ont touché l'Ile du Long nuage blanc ont semblé investir les Blacks d'un surcroît de responsabilité : ils doivent gagner aussi pour tous ceux qui ont souffert ou ont disparu dans les tremblements de terre. Dire que le rugby est une religion en Nouvelle-Zélande n'est pas un vain mot. Et les plus grands serviteurs de ce culte ovale se doivent d'être plus qu'exemplaires.

Parmi les autres motifs à prendre en compte, on avancera la "Carter - dépendance" des Néo-Zélandais. Quand leur génial ouvreur n'est pas là, où simplement dans un mauvais jour (ils sont rares, cependant), le rendement de l'équipe est loin d'être le même. On évoquera également les prestations du capitaine, Richie McCaw. Toujours à la limite de la règle, le flanker est l'atout majeur des All Blacks dans les rucks. Mais dès que l'arbitre devient moins conciliant avec lui, il devient moins dangereux, et toute son équipe avec lui.

En un mot comme en cent, les All Blacks seront leurs principaux adversaires. Ils devront vaincre leurs démons pour terrasser les autres concurrents.

Reconnaissons néanmoins la valeur de ces derniers : l'Afrique du Sud, même en délicatesse avec son rugby ces derniers mois, paraît retrouver des couleurs, comme le prouve la récente victoire des Springboks face aux Blacks dans le Tri-Nations. Le coach Sud-Africain a démontré qu'il savait surprendre et le jeu de cache-cache qu'il pratique depuis quelque temps avec ses adversaires (en alignant des équipes bis voire ter) pourrait bien porter ses fruits dans quelques semaines.

Last, but not least, l'Australie. Convaincante la semaine dernière face aux Blacks, elle possède toutes les armes pour terrasser l'ogre noir sur ses terres. Seul bémol, peut-être, la mêlée qui n'est pas le point fort des hommes de Robbie Deans. Le coach Néo-Zélandais des Wallabies risquerait de ne pas pouvoir revenir sur son Ile avant quelques décennies s'il venait à ravir la coupe William Webb Ellis à ses compatriotes. Mais gageons que cela ne rentrera pas en ligne de compte si les deux équipes venaient à s'affronter pour le titre. Si tout se passe comme la plupart des observateurs le prévoient, cela devrait être le cas, en finale.

Jusqu'au bout, donc, la Nouvelle-Zélande devra batailler pour atteindre son Graal. Elle a tellement d'atout dans son jeu, l'instant est tellement propice qu'on n'ose imaginer ce qu'il adviendra si, d'aventure, un grain de sable venait gripper la somptueuse mécanique que Graham Henry a patiemment reconstruit depuis 2007. Et, au risque de paraître irrespectueux ou provocateur, on serait assez curieux de voir cela...


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