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Sarkozy: l'heure du bilan de la précarité a-t-elle sonné ?

Publié le 31 août 2011 par Juan
Sarkozy: l'heure du bilan de la précarité a-t-elle sonné ?Il s'abritera derrière les effets de la crise, qui l'aurait empêché de ramener le pays vers le plein emploi. Il se félicitera quand même d'avoir su protéger les Français pendant cette période tourmentée. Bref, Nicolas Sarkozy nous mentira. La précarité, sous son quinquennat, a fortement progressé, et ses efforts pour contrer cette dégradation de la situation du plus grand nombre ont été incroyablement modestes eu égard à la gravité de la situation.
Les belles promesses...
En 2007, pendant sa première campagne présidentielle, Nicolas Sarkozy promettait de « vraiment réduire la pauvreté, l’exclusion et la précarité » grâce au retour du « plein emploi ». Il ajoutait, dans son catalogue de promesses (retirés du Web par l'UMP l'an dernier): « Comme souvent en France, en matière de chômage ou en matière de minima sociaux, on indemnise chichement, mais longtemps. Alors qu’il faudrait indemniser fortement, mais brièvement pour que chacun soit incité à reprendre rapidement un emploi. »
Autre promesse, liée à la précédente, la réduction d'un tiers en cinq ans le nombre de personnes en situation de pauvreté. L'horizon des cinq ans sera franchi sous peu, dans quelques mois. Et le bilan est détestable.
1. Radier plus vite
En mars 2008, le Président des Riches présentait le dispositif de l'offre raisonnable d'emploi, une mesure promulguée en août 2008 et qui entra en vigueur 6 mois plus tard, en octobre, au plus fort de la crise. Après deux refus d'offre d'emploi dit « raisonnable », le chômeur perdait pendant deux mois son indemnisation. En 2007, le candidat avait aussi promis que « que l’allocation chômage ne puisse pas être inférieure au salaire minimum, mais que nul ne puisse refuser plus de trois offres d’emploi correspondant à ses compétences ».
2. Radiation accélérée
Quatre ans plus tard, la seule promesse tenue fut la radiation temporaire des demandeurs d'emplois en cas de refus d'offre. Et encore, le gouvernement avait quand même durci le dispositif par rapport à la proposition initiale du candidat (qui ne parlait que de trois offres « refusables », et non deux comme finalement retenu par son équipe). A l'automne 2007, on s'inquiétait déjà.
Début juillet, le site Actuchômage avait révélé que Pôle Emploi avait dans ses projets de faciliter la radiation par courrier électronique. L'organisme incitait quelque 1,5 million d'allocataires de recourir exclusivement aux services proposés dans l'« espace personnel » de pole-emploi.fr afin de «contribuer au développement durable en limitant les envois de courriers papier». Chaque mois, entre 200 et 300.000 inscrits sont radiés des statistiques de pôle emploi pour « défaut d'actualisation» ou « radiations administratives» (227.000 en juillet dernier). Un chargé de communication de Pôle Emploi a expliqué à Rue89 que « les demandeurs (...) peuvent revenir sur cette décision d'un simple coup de fil » et « par courrier, non seulement ça prend plus de temps, mais en plus, on entend très souvent les demandeurs nous expliquer qu'ils n'ont pas reçu le pli. »
3. Indemnité minimum
Côté indemnité minimum, on est bien loin du SMIC (qui par ailleurs n'a pas été augmenté l'été dernier): le montant minimum de l'Allocation d'aide au retour à l'Emploi est de à 27,66 € (juillet 2011), voire de 19,82 € par jour pour les demandeurs d'emploi qui suivent une formation.
4. Pôle emploi surchargé
Fin 2008, le gouvernement précipitait la fusion de l'ANPE et des ASSEDIC, décidée en février, sans prévoir de renforts supplémentaires. En un semestre, le nombre d'inscrits à Pôle Emploi progressait pourtant de plus de 500.000 personnes. Un rapport sénatorial de juillet dernier a déjà dénoncé la faiblesse des moyens accordés à l'organisme à sa création: « pendant les deux années qui ont suivi sa création, Pôle emploi a dû faire face à une augmentation d'environ 730 000 du nombre de demandeurs d'emploi inscrits en catégorie  A, B et C soit une augmentation de plus de 20 % par rapport au nombre de demandeurs d'emploi recensés en janvier 2009. Les effectifs de Pôle emploi ont augmenté en 2009 mais de manière modeste au regard de la hausse du nombre de demandeurs d'emploi. A partir de l'été, 1 840 agents supplémentaires ont été recrutés, 1 000 en CDI et 840 en CDD. »
5. L'unique initiative de Sarkozy
Cessons de réécrire l'histoire. Au plus fort de la crise, la seule mesure protectrice dont Nicolas Sarkozy a eu l'initiative vis-à-vis des centaines de milliers de chômeurs supplémentaires fut de reporter d'un an la suppression de la dispense de recherche d'emploi des seniors de plus de 58 ans, une mesure qu'il avait lui-même décidée pour janvier 2009. Quel effort !
6. Libéralisme contrarié
La crise avait bloqué la tentative de « réforme », c'est-à-dire de casse sociale, promise par le candidat Sarkozy. La rupture tant attendue par quelques libéraux n'a pu avoir lieu.
Il fallu attendre le printemps 2009, et d'immenses manifestations, pour Sarkozy lâche quelques abandons d'impôts et deux primes ponctuelles et symboliques (l'une de 150 euros au titre de l’allocation de rentrée scolaire (ARS) et l'autre de 200 euros, dite « prime de solidarité active », au titre du revenu minimum d’insertion (RMI), de l’allocation parent isolé (API) ou d’une aide au logement).
Figé par la crise, Sarkozy n'a pu que s'accrocher à préserver les plus fortunées des efforts les plus rudes.
Malgré tout, l'Elysée maintient sa défense. Sarkozy aurait « protéger ceux qui sont les plus fragilisés par la crise » et permis de « bâtir une France plus juste ». L'INSEE explique sobrement que « des mesures ponctuelles et la montée en charge progressive du revenu de solidarité active ont permis de limiter les effets de la crise ».
Et le bilan ? Funeste !
Un an plus tard, les effets de la crise et de l'inaction gouvernementale se faisaient sentir. L'INSEE vient de publier sa dernière évaluation des « Niveaux de vie », qui porte effectivement sur l'année 2009. Les résultats sont, sans surprise, mauvais.
1. La pauvreté s'est aggravée
En 2009, elle a battu tous les records depuis 2006: le nombre de personnes pauvres en France a bondi de 337.000 en un an, pour atteindre 8,173 millions en 2009, contre 7,836 millions l'année précédente (et 8,0 millions en 2007). Leur proportion est également en hausse: 13,4% de la population en 2007; 13,0% en 2008; 13,5% en 2009
Le seuil de pauvreté est défini, pour 2009, à moins 954 euros par mois. Rappelons que le RSA est plafonné à 455 euros par mois pour une personne seule.
2. Le niveau de vie médian a quasiment stagné en 2009: à 19 080 euros annuels, il a cru de +0,4% par rapport à 2008, après une hausse de 1,4% l'année précédente.


3. Davantage d'actifs (chômeurs inclus) sont devenus pauvres. Triste constat pour le chantre du Travailler plus pour gagner plus !  10,1% des actifs de plus de 18 ans, soit 2,8 millions de personnes, contre 9,5% en 2007. En particulier, les travailleurs pauvres non-salariés ont davantage été touchés par la hausse de la pauvreté : « leur taux de pauvreté passe de 15,3 % à 16,9 % entre 2008 et 2009 ».
4. Davantage d'étudiants ont été précarisés. Parmi les inactifs de plus de 18 ans, la proportions d'étudiants pauvres a bondi de 18,1% à 20,3% en 2009 (soit une augmentation de 12%)
5. Le « Président protecteur » a été inefficace pour les ménages les plus modestes. Ils se sont appauvris: « le niveau de vie des 10 % des personnes les plus modestes est inférieur à 10 410 euros annuels (D1), en baisse de 1,1 % par rapport à 2008 ». Pour ce dernier décile, les allocations chômage représentent 7,5 % de leur revenu disponible en 2009 contre 6,2 % en 2008.
6. Les inégalités se sont accrues. L'écart entre seuils de pauvreté et de richesse s'est accru. Présidence pour Riches ?
7. L'inflation reste mal mesurée. Pour preuve, alors que le prix des matières premières (et donc des biens de premières nécessité) ou de l'énergie (vitale) ont flambé, l'inflation officielle, qui sert de baromètre honteux à la non-indexation des minima sociaux ou du SMIC reste excessivement modeste. Le directeur des études de la fondation Abbé Pierre s'est encore récemment énervé, à juste titre: « Ces dernières années, les dépenses obligatoires n'arrêtent pourtant pas d'augmenter. Regardez la flambée des loyers (+ 50% en dix ans). Sans parler des factures de gaz, d'électricité, d'eau... Les dégâts sociaux sont considérables. »
Président inefficace, précarité accrue, qui dit mieux ?
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