Onglé, plus rêche que roncier, ergots agrippés à nos peaux, certes il peut
arriver au soleil de n’être qu’atroce senti de fer-chaud, paupières embrasées ; il grève, inexorable, l’air épais et poisseux, balafre les échines des ouvriers goudronneurs ou servants de
marteaux-piqueurs, ronge volets poussiéreux et persiennes, corrode les moucharabiehs, fomente les stagnations putrides, la torpeur venimeuse et lovée, transforme mantilles de pénombre en filets
de viande grouillants et velus, attise les tombées du jour accablées jusqu’à l’obscur qui nous délivre.
Mais dans l’opale de mes rêves, sans contrescarpe ni tramail, d’une rosée naît une rose, beauté champlevée charnelle quelque peu secrète. La lune audacieuse y
scintille de désirs au parfum musqué, danse lente sa pavane au milieu du ciel sidéré, et ma bouche se porte au rose de tes lèvres qui s’entrouvrent en long sillon de sang, de sèves et de
feu.
François LAUR