Des allégations scandaleuses, infondées et mensongères" : telle est la réponse, en forme de démenti cinglant, apportée par l'Elysée aux propos de la juge Isabelle Prévost-Desprez, rapportés dans un livre à paraître prochainement sur l'affaire Bettencourt. Cet ouvrage au titre accusateur (Sarko m'a tuer) a été écrit par deux journalistes du Monde, qui ont pu rencontrer et entendre la vice-présidente du tribunal de Nanterre, aujourd'hui dessaisie de l'affaire ; des extraits en sont publiés par le quotidien Libération.
Interrogée par les auteurs du livre, Isabelle Prévost-Desprez dit avoir été frappée par la peur des témoins lors de ses investigations sur un volet du dossier Bettencourt. Priée de dire de quoi ces témoins avaient peur, la magistrate répond : "Peur de parler sur procès-verbal à propos deNicolas Sarkozy". Puis elle ajoute : "L'un d'eux m'a dit qu'il avait vu des remises d'espèces à Nicolas Sarkozy." Isabelle Prévost-Desprez précise qu'il s'agit de l'infirmière de la milliardaire, laquelle ne se serait toutefois pas exprimée sur procès-verbal, précise Libération. La comptable de Liliane Bettencourt, Claire Thiboult, avait déjà évoqué des remises d'espèces mais d'une façon vague. Pour Libération, les accusations d'Isabelle Prévost-Desprez semblent répondre à "l'extrême défiance" que le chef de l'Etat a alimenté à l'égard de l'institution judiciaire. Dans le livre, la magistrate, réputée pugnace, s'exprime également sur les raisons qui, selon elle, ont contribué à lui retirer ce dossier : "Il fallait me dessaisir par tous les moyens. Il était impératif de me débarquer". De fait, Isabelle Prévost-Desprez a été dessaisie à l'automne 2010 au profit du tribunal correctionnel de Bordeaux, qui a hérité de l'ensemble du dossier.