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132. Chèvres calabraises, gare à vos pis!

Publié le 03 septembre 2011 par Melaniepiqpiq
Morano, giorno uno

Ah, la bella Italia... où que j'aille, elle ne me décevra donc jamais.
Cette fois-ci, c'est pour le Sud que j'avais pris mes biglietti. Arrivée à Lamezia (Calabre), départ de Bari (Pouilles) 2 semaines et 5 jours plus tard. J'ai cherché une exploitation agricole dans la région de ma ville de débarquement.
Premier critère de sélection: la présence d'animaux à traire (cf ma déconvenue de l'année dernière). Quand j'ai vu „500 pecore e 100 capre“ (autrement dit 500 brebis et 100 chèvres) sur la description du site du Wwoofing, mon sang n'a fait qu'un tour: cette ferme était pour moi. Et en effet, quelques mails plus tard, le séjour était arrangé.
Comme d'habitude, j'ai été charmée par le pays dès que j'ai mis le pied sur le sol italien. Rien que d'entendre la langue, ça me rend heureuse. Le trajet a duré 13h de porte à porte mais je ne l'ai pas vu passer. Dans le train de Lamezia à Cosenza, j'ai vu la mer Tyrrhénienne (merci Google et vive le copié-collé)

132. Chèvres calabraises, gare à vos pis!à travers la vitre sale

et dans le bus qui m'emmenait vers Morano Calabro, les collines.
Le sympathique Alberto est venu me chercher à la station de bus. J'ai tout de suite compris que j'avais affaire à un chauvin de profession. Qu'est-ce que tu connais déjà de l'Italie? La Toscane? C'était comment? Beau? Ah ben tu verras, ce n'est qu'un avant-goût d'ici.
On arrive à Morano Calabro, je m'extasie devant le centre historique perché sur les roches

132. Chèvres calabraises, gare à vos pis!

„oh, ça me rappelle les photos que j'ai vues de Matera, c'est incroyable!“ (NB: village aux alentours de Bari, les photos me font rêver depuis des années, je compte bien y passer au retour) Que n'avais-je pas dit là... Absolument rien à voir (et devinez ce qui est mieux...)
J'ai eu droit à la visite guidée de l'exploitation à l'arrivée. Dio mio, je vais en avoir, des choses à apprendre! Le pecorino (que j'ai dégusté avec des figues du jardin) est excellent, mais la fabrication est pour l'instant encore un épais mystère.
J'habite dans une petite maisonnette à côté de l'exploitation avec i nonni (papi et mamie, quoi), le fiston numéro 2 Giuseppe loge à 10 mètres avec sa femme et leur bébé, tandis qu'Alberto habite au village près de sa boucherie.
Niveau compréhension ça va, à part le nonno que je ne comprends absolument pas. Je ne sais pas si c'est le manque de dents, le dialecte, ou ma surdité précoce... ça doit être un peu de tout ça (et d'autres choses).
Pendant le dîner, je demande à la nonna quand ils se lèvent en général, elle me répond 5 heures... J'ai attendu désespérément le moment où elle allait ajouter: „humour!!!“... mais il n'est jamais venu. La bonne nouvelle, c'est que demain on ne fait pas de fromage, donc je peux faire la grasse mat jusqu'à 7h. Youpi tralala.
En attendant, je ferais mieux de me coucher maintenant (21h32) car ce n'est pas ici que je peux espérer rattraper mon déficit de sommeil accumulé les dernières semaines.

Morano, giorno due

Pfff... non ne posso più.
Après un surprenant petit déj composé de petits gâteaux mis en bouillie dans un café au lait de chèvre du pré d'à côté, j'ai passé la matinée dans le „caseificio“ (labo à fromage? Ah si j'avais un dico..), où j'ai tout d'abord séché des fromages au torchon après le passage au karcher que leur faisait subir Pina, la femme qui vient tous les jours de 5h30 à 13h30. Les pauvres n'ont commis comme seul crime que de se couvrir de moisissure, ce qui n'a pas l'heur de plaire aux gens de la mer à qui Pina va aller vendre les fromages.
Ensuite, j'ai passé au moins deux heures dans la chambre réfrigérée (mais pas si froide, ouf) à astiquer un par un environ 300 fromages à pâte dure (3 sortes: chèvre, brebis et mixte) en maturation, toujours pour éviter une formation excessive de moisi. Eh bien je peux vous dire que ça fait les bras, chaque spécimen pesant entre un et 2 kilos, voire 3 pour les plus grassouillets.
Pour m'achever, j'ai eu le privilège de nettoyer le magasin de fond en comble. Faut bien s'occuper les jours où on ne fait pas de fromage (dixit Pina).

132. Chèvres calabraises, gare à vos pis!

Là je sors d'une sieste de 2h (de toute apparence les 9h30 que j'ai dormi cette nuit ne m'ont pas suffi) et me demande à quelle sauce je vais être mangée après.

(…) Réponse:
sauce cueillette de haricots, accompagnement nonno.

132. Chèvres calabraises, gare à vos pis!vue du potager. Au milieu, sur la dernière colline sombre, vous pouvez apercevoir le château de Morano

Alors j'ai eu la confirmation: ce dernier parle en effet le dialecte (qui, si j'ai bien compris, n'est même pas compréhensible pour un Italien) la majeure partie du temps. Avec moi il a fait un effort et parlé italien... ce qui a UN PEU amélioré l'affaire, mais juste un peu... Je rebondis comme sur un trampoline sur les mots que je capte par ci par là (sinon je fais « mmh mmmh » en hochant la tête, telle une Mounich à Bonn). Si tu lis ça Anke: c'est pire que le camionneur néozélandais et le peintre du Tonga (cf post 35)
Résumé de ce que j'ai compris de la conversation: c'était mieux avant. Ça alors.

Morano, giorno tre
Petite journée cette fois-ci. J'ai donné un coup de main à Pina pour le ménage ce matin (vous en déduirez que ce n'était toujours pas le jour du fromage) et cet après-midi j'ai accompagné Alberto au Nord où il est allé acheter du lait (rien que 300 litres!) pour faire du fromage demain (enfin!!), celui que donnent les chèvres de l'exploitation ne suffisant pas (quelles feignasses!)
Jolie promenade en voiture dans la montagne, et l'occasion pour moi de pratiquer l'italien de manière intensive! Les mots me viennent déjà plus vite. Et la pause gelato... mamma mia, si onctueuse... comment revenir à la glace allemande après ça.

(…) le soir
Allelluya!! J'ai trait ma première chèvre!!! Al mano, per favor! Depuis le temps que j'en rêvais...

132. Chèvres calabraises, gare à vos pis!elles n'attendent que ça

Bon OK, j'en ai mis partout sauf dans le seau (dans ma manche pour commencer, sur mes pieds ensuite, puis dans la face du pauvre garçon qui m'assistait patiemment, et, pour terminer, par terre), mais c'est déjà une victoire pour moi que d'avoir réussi à sortir quelque chose de ces mamelles de béton!
C'est qu'il faut presser dur, puttana capra!
Pour les mauvaises langues: c'était bien une chèvre, mon collègue ayant viré à coups de pied au cul les boucs facétieux (que je comprends: qui ne tente rien n'a rien).

132. Chèvres calabraises, gare à vos pis!cherchez l'intrus

Allez, au lit: demain c'est jour de fromage, faut se lever à 4h30... finalement c'est pas si mal que ce ne soit plus vraiment la saison.


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