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Vuelta : Cobo émerge sur l'Anglirù et le doute avec...

Publié le 04 septembre 2011 par Jeanpaulbrouchon

Je suis assez d’accord avec ceux qui mettent en doute la performance de Juan-José Cobo (Geox) sur les pentes de l’Anglirù. Le sport cycliste en a tellement vu depuis l’affaire Festina, en 1998, que désormais tout est possible et envisageable. La moindre performance sortant de l’ordinaire n’est plus un exploit mais devient suspecte aux yeux de beaucoup. Surtout en ce qui concerne un coureur de 30 ans et demi qui n’a plus connu le frisson de la victoire depuis deux ans (une étape de la Vuelta 2009) et appartient à la formation Geox managée par le Suisse Mauro Gianetti, déjà à la tête de la sulfureuse équipe Saunier-Duval qui défraya la chronique sur le Tour de France 2008.
Vainqueur de deux étapes, son leader italien Riccardo Riccò avait été exclu pour dopage avec les Espagnols Beltran et Duenas (Epo) et le Kazakh Fofonov (heptaminol). Quelques jours après l’arrivée à Paris, les dernières analyses portant sur l’EPO Cera (un produit de nouvelle génération) avaient confirmé le dopage de l’Allemand Schumacher, de l’Autrichien Kohl (meilleur grimpeur et 3èmedu classement final) et d’un autre Italien, Piepoli, coéquipier de Riccò, tous déclassés et voués aux gémonies ! La belle bande…Une édition calamiteuse. Sept coureurs éliminés, dont deux de la même équipe, sans compter le Français Casper, positif aux glucocorticoïdes mais finalement blanchi pour une erreur lors de sa demande de renouvellement d’autorisation à usage thérapeutique. Riccò utilisait cette EPO Cera de troisième génération. Il avait déjà fait fureur sur le Giro et toute l’équipe Saunier-Duval se révélait irrésistible sur les pentes du Tour de France. A croire que ce produit miracle donnait des ailes à ses chefs de file jusqu’à ce que le couperet les lui coupe !
En attendant le résultat des analyses, l’avènement de Cobo est à prendre avec des pincettes. Professionnel depuis 2004, l’Espagnol n’affiche qu’un modeste palmarès. Il a gagné (avec deux succès d’étape à la clé) le difficile Tour du Pays basque 2007 pour le compte de Saunier-Duval. L’année suivante, deuxième derrière Piepoli sur les hauteurs de Hautacam, il avait dû quitter le Tour 2008 avec ses partenaires lorsque cette formation s’était retirée suite au contrôle positif de Ricco. Il subsiste autour de son nom et ses performances un certain flou qui laisse sceptique.
Cela dit, Cobo a bien préparé son affaire en abordant la terrible montée de l’Anglirù avec un mini-braquet qui lui a permis de revenir sur Igor Anton et de déposer tout le monde sur le haut. Les sept derniers kilomètres sont à 13 % de moyenne, avec des passages à plus de 20 % ! Un effort terrible sur cet ancien chemin de chèvres qui fait chauffer les moteurs des voitures (et des coureurs) et bouzille les embrayages s’il faut ralentir et repartir, en raison de la foule qui se presse et ne laisse qu’un étroit passage. Quant aux motos qui suivent ou précèdent les coureurs, elles y sont en équilibre précaire et il n’est pas étonnant qu’une moto-images de la TV espagnole se soit retrouvée à terre.
Un raidard monstrueux qui oblige à se poser la question si une telle difficulté a bien sa place dans une épreuve de trois semaines ? Je l’ai découvert et monté (en voiture !) dans les années 90, à l’époque des Rominger, Zulle, Jalabert, Olano pour aller y commenter les arrivées d’étape. Un souvenir inoubliable, certes, mais qui déjà obligeait à une certaine réflexion en raison des débordements, des poussettes et des risques pour le maillot amarillo d’alors et les favoris. Peut-on, dans de telles conditions, assurer la régularité de la course ? Après quelques éditions, les organisateurs avaient d’ailleurs renoncé à l’Anglirù durant plusieurs années. Mais le cyclisme actuel a besoin de séquences spectaculaires pour ramener le public au bord des routes et les téléspectateurs devant leur écran. Et de ce point de vue la montée de l’Anglirù y contribue. Comme celle du Zoncolan au Tour d’Italie.
Quant à savoir si Juan José Cobo gagnera la Vuelta 2011 dimanche prochain, wait and see…

Bertrand Duboux


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