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1 – Rien ne saurait naître de rien

Publié le 05 septembre 2011 par Jeanjacques

« S’il y a un univers » on doit se demander quelle est sa genèse mais plus exactement «  y a-t-il eu genèse» en un temps donné du passé, comme nous l’enseigne de nombreux mythes et traditions religieuses ? Or, poser un temps de la création suppose immédiatement d’avoir à décrire un état  « d’avant le créer », d’imaginer consécutivement une situation a- temporelle où le temps pas plus que la totalité de la matière n’étaient, bref  de faire surgir la matière d’un néant absolu. Mais puisque rien ne saurait naître de rien - ex nihilo nihil fit-  nous devons convenir que si une création ex nihilo est inconcevable alors il ne peut y avoir de création du tout.

Nous ne pouvons en effet imaginer un univers d’avant l’univers dont les propriétés seraient radicalement différentes du notre car  ce pré-univers devrait avoir lui-même une genèse particulière -  et ainsi de suite en une régression infinie -  ni supposer une création de « bouts d’univers » : si un univers doit surgir du néant, il doit exister immédiatement dans sa complétude, sans extériorité, sans arrière univers possible

Toute genèse suppose par définition un état antérieur quel qu’il soit, aussi différent fut-il de notre univers actuel. Nous retombons dans la régression infinie car nous devons décrire les propriétés, procédures et modes d’émergence de ce « pré univers ».

La grande faiblesse de la théorie du big bang est de faire surgir toute la matière/rayonnement en un temps  t sans qu'on puisse déterminer ni son lieu ni son état antérieur. Tout se passe comme si la totalité de la matière universelle était issue du néant. Cette incohérence est dissimulée sous des artifices mathématiques par lesquels on parvient à contracter infiniment le temps, l'espace et la matière.

Consécutivement, s’il apparaît logiquement impossible d’extraire quoique se soit d’un néant donné comme tel (qui « est » absence absolue de l’être même, de l’espace aussi bien que d’un temps qui débute avec la matérialité), nous devons convenir qu’il ne saurait y avoir eu un temps et des procédures de création et que l’être là de l’univers a toujours été sans avoir eu à surgir d’un ailleurs de lui-même.

Si l’univers a toujours été, s’il n’a jamais été créé, on doit le définir comme incréé et éternel.

Nous reprenons ici l'argument ontologique traditionnel qui est celui de Parménide: "il est nécessaire de dire et de penser que l'être est, le non-être en revanche n'est pas. Tu ne saurais reconnaître ni énoncer le non être. Il est en effet impossible que ceci soit prouvé de façon contraignante: que le non être est. Le non être, le néant, est une catégorie formelle utile mais ne peut avoir aucun contenu de réalité

Il est donc impossible logiquement que du néant puisse s'extraire le moindre atome de matière.

S’il est éternel et incréé, on ne peut rechercher une cause créatrice, un acte, une procédure, un changement d’état d’une autre substance le faisant passer d’un ailleurs à ici : l’univers éternel est sans cause physique imaginable. Consécutivement on ne peut s'interroger sur ses temps, lieux et procédés de création mais seulement constater l'évidence de son être-là. Et il ne peut y avoir de cause première antérieure à un univers éternel et celle-ci ne peut lui être extérieure

Inversement, ce qui ne peut naître ne peut disparaître puisque l’annihilation de toute matérialité suppose un lieu d’accueil de celle-ci et un état  « post univers » qui relèverait également d’un néant «  pré univers ».

L’ailleurs suppose toujours un lieu et il ne peut y avoir un hors lieu qui ne serait pas l’espace lui-même. Il ne peut donc y avoir d’extériorité à l’Univers. Le principe de conservation implique l’impossibilité du néant qui prévoit le recyclage, ce qui exclut qu’un seul milligramme de matière puisse disparaître dans un hors lieu qui serait le néant.

L’univers, s’il est  éternel et incréé, ne peut pas être soumis au cycle création/destruction et n’entretient donc pas de cause agissante, un principe d’action supposant une réaction : l’univers ainsi postulé ne peut  être mû par aucun mouvement, il serait dans son essence, pure immobilité. En effet, s’il devait être soumis au devenir dans sa totalité, il serait contraint d’entrer dans le temps de l’avant et de l’après, ce qu’impose l’exigence du mouvement.

Ainsi, l’univers est-il éternel, incréé, pure immobilité, sans cause créatrice.

Nous pouvons reprendre les définitions de Spinoza dans l’éthique (livre 1er ) : Une substance ne peut être produite par aucune autre chose. Elle sera donc cause de soi, c’est-à-dire que son essence enveloppe nécessairement l’existence, autrement dit à sa nature il appartient d’exister (Théorème 8).

( à suivre )...


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