Magazine Rugby

Hongi

Publié le 05 septembre 2011 par Ansolo

Hongi, c'est le salut maori. Marque de respect et de confiance témoignée par celui qui le donne à celui qui le reçoit.

Ce respect et cette confiance, Richard Escot les a incontestablement obtenus de tous ceux qu'il a rencontrés pour nous livrer Rugby Land, son dernier ouvrage.

Un ouvrage qui traite de rugby, comme son titre nous l'indique. Mais qui va bien au-delà du sport.

Ce livre, fruit des voyages entrepris par l'auteur depuis 1989 au pays du long nuage blanc, offre de la Nouvelle-Zélande une vision paradoxale, celle d'un pays qui a fait du rugby une véritable religion, à laquelle communient quatre millions d'habitants, mais également celle d'une société fracturée, entre Maoris et « Paheka », ces hommes blancs descendants des colons Britanniques qui ont dépossédés les premiers occupants de leurs terres, parfois sacrées. Malgré le temps et la reconnaissance officielle (et financière) des dommages causés par les colons à leurs aïeux, les Maoris restent, pour un certain nombre d'entre eux, des citoyens de second rang, vivant en marge de la société.

Cette société qui communie autour du jeu de rugby, Richard Escot nous la fait découvrir au gré de ses rencontres. Où l'on constate que les plus fortuites d'entre elles conduisent aux expériences humaines les plus fortes, comme celle vécue par l'auteur après avoir abordé, dans la salle d'attente d'un aéroport, un homme au visage tatoué, Waka Rangi Wahati.

La parution de ce livre à quelques jours du début de la Coupe du monde est l'occasion pour tous les amateurs de rugby d'aller au-delà des clichés habituels que les media nous proposent sur la Nouvelle-Zélande. Le pays des « hommes rugby » que nous présente Richard Escot est bien éloigné des pages sur papier glacé des magazines sportifs. On y touche du doigt les aspérités d'une société qu'un fragile ciment sportif unit par-dessus, malgré pourrrait-on même dire, les fractures sociétales.

Et s'il y est évidemment question de grandes figures de l'ovalie néo-zélandaise, de Wilson Whineray à Jonah Lomu, de quelques faits historiques ayant marqué la grande et la petite histoire du rugby local, ce très beau livre compte sans doute davantage encore pour la dimension spirituelle que l'auteur imprime à chacune de ses pages. Au-delà du constat documenté que ce livre dresse sur la société maori, c'est, même si le terme peut paraître très fort, le récit d'une forme de quête auquel l'ouvrage nous convie.

Avec humilité et talent, Richard Escot nous accompagne dans un voyage quasi-initiatique à la découverte des croyances maoris, de leur rapport à la vie, à la mort et aux Dieux. Un rapport évidemment symbolisé par le Haka, mais qui ne saurait, loin s'en faut, s'y résumer.

C'est, sans conteste, l'un des livres de rugby les plus singuliers qui aient été publiés depuis longtemps. L'un des plus réussis également.

Rugby Land, Editions Philippe Rey, 16euro


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