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Lecture : Jean-Luc Maxence et Danny-Marc, « L’ATHANOR DES POETES – Anthologie 1991-2011 », éditions Le Nouvel Athanor, 2011.

Par Ananda

Les très nombreux poètes sélectionnés ici ont tous été, au préalable, soit publiés dans la revue littéraire Les Cahiers du Sens, soit édités en recueils individuels par les éditions Le Nouvel Athanor.

Dans la préface, l’éditeur-poète-philosophe responsable tant de la revue que de la maison d’édition, Jean-Luc MAXENCE, explicite sa démarche, dans toute son exigence presque « expérimentale ».

Pour lui, le poète est en quête d’une « pierre philosophale », la « pierre philosophale » du Sens profond.

Il travaille non seulement avec ses mots, mais aussi, mais peut-être par-dessus tout avec son âme.

C’est un chercheur d’Absolu, de lumière, de dépassement.

Devenu poète par la merveilleuse tyrannie du « hasard », il n’a pas le choix.

Et tout ceci implique – forcément – déchirure et liberté. La poésie est, avant tout, une EXPERIENCE, une aventure intérieure qui mobilise l’ensemble de l’être et le place naturellement en marge, aux confins de ce monde ; le poète reste IRRECUPERABLE.

Dans cette substantielle anthologie de plus de 200 pages, les « découvreurs de poètes » que sont DANNY-MARC et Jean-Luc MAXENCE voient donc l’aboutissement de dix années de ce qu’on pourrait appeler une campagne d’ « orpaillage poétique ». Leurs « pépites » sont les poèmes et les poètes qui s’égrènent tout au long de ces pages, dessinant peut-être l’avenir de la poésie française et/ou de langue française.

Nous ne pouvons que saluer ce beau livre, résultat d’un énorme travail, que l’on a grand plaisir à lire.

Voici, glanées ici et là, quelques fulgurances et quelques courts extraits qui vous donneront, je le pense, une idée de la qualité et du niveau d’ambition de cet ouvrage (bien sûr, c’est une pure subjectivité de lectrice qui les choisit, qui les met ici en évidence, et l’ensemble est trop copieux pour que je puisse me risquer à citer chaque auteur) :

« […] hors l’impossible il n’est de vraie parole / […] le poème nait sous les fers d’un assourdissant silence » (Guy ALLIX) ; « Nous l’avons fabriqué, le temps. Il est même comme un solstice à côté des millénaires de millénaires inhabités par l’homme » (Marie-Claire BANCQUART) ; « Il n’est d’aventure qu’intérieure » (Matthieu BAUMIER) ; « peut-être que je suis traversée / par vos vies / comme une éponge de nuit, une algue, / […] et que je n’existe pas autrement / que par votre traversée » (Béatrice BONHOMME-VILLANI) ; « Seule la claire vision de mon manque me donne la possibilité d’être comblé […] Car je ne suis pas un homme qui fait l’expérience de la Vie / Mais je suis la Vie qui fait l’expérience d’être un homme » (Pierre BONNASSE) ; « Iris entremêlés / de nuit et de soleil / comme nos mains nos doigts » (France BURGHELLE-REY) ; « Les mots tournent autour du silence comme des mouches sur un cadavre. Ils en arrachent un minuscule morceau pouvant les nourrir encore quelques temps. Avant de devenir eux-mêmes matière morte, amas de poussière. […] Les mots non écrits dans le poème sont très importants . […] Alors, nous comprenons qu’il existe un monde, là sous nos yeux, que nous ne pouvons voir qu’avec la lenteur » (Rafael CONCEJO) ; « Entrouvrir la fenêtre sur un cerisier en fleur / Y déposer délicatement / L’ombre du vent » (Jean-Noël CORDIER) ; « Oui ! Pour vous, un jour, peut-être, / je deviendrais vraiment poète. / je réunirai dans un même regard / la terre vue de près, vue de l’ailleurs et de loin » (Maurice COUQUIAUD) ; « La grande louve va venir / Son regard est un pays libre » (Maurice CURY) ; « Plus tard, dans l’air aveugle, la fonte des ombres.[…] La lune s’approche toujours d’une plénitude » (Chantal DANJOU) ; «  Si nous refaisions le monde / ô toi que j’aime / Chaque petit matin / nous retrouverait neufs / du sommeil partagé / et ouverts aux rencontres des heures ! » (DANNY-MARC) ; « l’arborescence d’un signe // Ecoute en toi la spirale / qui prolonge ton vertige // Le contre-chant des grands fonds // Les hautes brisures d’eau // L’orbe inusable du sang // noria noire des espèces / sous l’effritement des êtres » (Juliette DARLE) ; « c’est à partir du manque / que tout s’articule » (Patrice DELBOURG) ; « Il faut beaucoup de visages / Pour faire une ville […] Cette ville change de visage / comme on change de vêtements / Tout itinéraire est une fiction / J’écris dans les blancs espaces / Du temps intermédiaire »(Dominique DUMONT) ; « Avant les corps était l’ombre / Je et moi, et tous les autres, l’ombre d’un doute […] L’ombre reflet de l’âme sommeil des couleurs ou leurre qui nous abuse / Sommes-nous les acteurs d’un théâtre d’ombres ? » (Paule-Marie DUQUESNOY) ; « Il est désir / Mon chant du Signe » (Florentin Benoit d’ENTREVAUX) ; « chiffonnée d’orties la voix parle » ( Stéphane GALENT) ; «  Le monde est au bord du monde «  (Gwen GARNIER-DUGUY) ; «Personne ne peut quitter son intérieur. / Sortit hors de lui. S’inverser côté large. Sans se compacter aussitôt » (Jean-Louis GIOVANNONI) ; « Le microclimat de votre solitude […] Je t’aime t’aime / Je Tam- / Tam » (Jean GUIONY) ; « Entre chien et loup se glisse le renard / il écoute le bruit du piano dans les arbres » (Michel HEROULT) ; « Le sol qui, à certains endroits, paraissait de pierre ponce, glissait ; il renvoyait un bizarre éclat visqueux, assourdi et trouble. On aurait pu penser qu’il n’avait qu’une seule idée : filer, filer vite, se transformer en une sorte de fluide, d’élément liquide en fuite, désireux de nous charrier, de nous entraîner avec lui » (Patricia LARANCO) ; «  l’infini guette ta solitude » (Henri LE GUEN) ; «  Ce qui résiste encore s’appellera Poème » (Béatrice LIBERT) ; « Visage, nous vivons de ton absence / Regard voilé, nous voyons par tes yeux, […] Tu es l’écart entre l’âme et les mots » (Jean MAMBRINO) ; « Chaque regard est poème / Romance triste quête du Graal / Pas un regard ne se ressemble / Dans les bras serrés du désir // Face à la mort / Aux yeux crevés » (Jean-Luc MAXENCE) ; « Nous vivons de vaste. / De ce renom d’autre chose / Qui nous traverse / Et relie les frontières / De nos voix. Nombreuses blessures / Ouvertes par tous côtés. » (Pascal MORA) ; « Tout est dit dans le non-dit du mouvement / la symphonie du pluriel […] (Dany MOREUIL) ; « Les couloirs crient ta peur / de disparaître avec les autres / derrière les portes glacées » (Evelyne MORIN) ; « C’est une femme qui marche à la rencontre du temps. L’allure hauturière, elle glisse entre les récifs. Elle a dénoué les mains et tient visage ouvert » (Colette NYS-MAZURE) ; « Au savant, l’infiniment petit / Au marin, l’infiniment grand / Au poète, l’infiniment seul » (Etienne ORSINI) ; « tu cherche / le fond du nom // quand chaque chose / est la présence » (Gérard PFISTER) ; « Le silence rond / comme la lune » (Christine RABEDON) ; « Il fait doux   Le soleil en miettes donne à manger à ses enfants […] Je ne retiens de vous que vos profils perdus / sur un ciel brodé à la main par des anges » (Jean-Pierre ROSNAY) ; « Tourner le dos à la montagne / désenchanter la mer / déserter la forêt // et monter lentement / en tenant bon la rampe / de l’escalier trop raide // vers ce rai de lumière / qui patiente serein // à l’étage dédaigné » (Marie-Ange SEBASTI) ; « Je ne croyais plus qu’en mes doutes » (Pierre SELOS) ;  «La route va vers la falaise / nos poussières s’attardent / avec les abeilles » (Jacques SIMONOMIS) ; « Ecrire le vrai / ton vrai / rien d’autre / manger la terre / hurler cogner la tête / te déchirer contre ta cage / souffrir des crimes de ce monde / cela sert oui cela sert à pardonner / aux anges / de ne plus tomber  »  (Dana SHISHMANIAN) ; « C’est la terre / Ne lui demandez rien de plus » (Dominique SORRENTE) ; « Divisions / Séquençages / Abrasion / Le vide geint / vide / des grandes plaines promises à l’irruption des vents, […] » (Catherine STOLL-SIMON) ; « « L’éternité est un aujourd’hui » (Alain SUIED) ; « C’est toujours ce bleu […] C’est toujours ce trop peu / qui se voudrait tout / mais ne fait qu’effleurer / celui qui passe et celle qui le croise » (Jacques TAURAND) ; « J’écris, puisque l’inattendu n’est décidément possible, […] J’écris poème pour ne convaincre personne ; moi encore moins que moi-même. // J’écris pour l’homme plus haut que l’homme, pour cet homme plus bas que le monde et qui porte mon nom. // J’écris pour essayer de distancier mon retard, pour tenter de rattraper mon avance » (Bruno THOMAS).

P. L


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