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Max | Vertigo

Publié le 06 septembre 2011 par Aragon

vertigo-new.jpgMe donnent le vertige ces centaines de bouquins de la rentrée littéraire.  Près de sept cents cette année. Finiront au pilon. J'aime pas ce mot "pilon". Me rappelle trop la patte blême d'un poulet, moi qui serait presque moralement végétarien.

Les films pareils. Pas de pilon pour la pelloche ou pour le numérique mais la non-programmation, l'oubli, la mort annoncée dès le dernier clap. Les gouffres froids, sans voix et sans images. Des personnages prisonniers d'eux-mêmes, définitivement, jusqu'à la fin des temps. Où sont ces films que j'aurai aimé voir, revoir ? En vrac, "La dernière piste" de Kelly Reichardt, jamais passé par chez moi, "Francesco" de Liliana Cavani avec un (paraît-il) hyper fabuleux Mickey Rourke, jamais sorti dans les salles, "Le quintette de Sven Klang" de Stellan Olsson...

Et tous ces films vus et oubliés. Reste l'essentiel, faudrait se raisonner en se persuadant de ça : une image, ne serait-ce qu'une seule image, une couleur, une fragrance, un lent travelling, un regard, quelques mots du dialogue. Le regard de Tarkovski, la voix de Kubrick, la mine éternellement goguenarde de Maître Alfred Hitch auquel je pense particulièrement en écrivant ce papier, en lui donnant son titre. Est-ce finalement important de se rappeler ? De vouloir à toute force se souvenir de tout ?  Non. La réponse "non" est obligatoire, évidente, normale. Juste. Tout est fait dans l'art pour se dissoudre en nous après nous avoir nourri, nous avoir baigné, effleuré. Et tout finit car rien ne commence vraiment. Le théâtre est l'exception, il échappe à la fuite. Il est nouveau à chaque représentation. Je comprends mieux ceci par le théâtre. Vertigo. Tout est vertigo.

Sean Penn que j'ai loué dans un "post" récent pour sa "performance" exceptionnelle dans le film de Sorrentino "This must be the place" dit (propos recueillis par J.P. Chaillet correspondant de Femina à Los Angeles) "...qu'on commet trop souvent l'erreur de croire qu'il faut dépendre du regard des autres pour exister. Quand on discute avec les gens, on s'imagine qu'ils nous comprennent, on croit deviner ce qu'ils pensent de nous, leurs intentions. C'est rarement le cas. A quoi bon se berlurer ? On naît seul et on meurt seul. Voilà la réalité et ce qui donne du sel à la vie ! (rires)"

Ce matin, je retiens cette leçon : vertigo. Je commence à comprendre. La vie est vertigo, rires, faiblesse, force et oubli.


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