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Air France low cost

Publié le 06 septembre 2011 par Toulouseweb
Air France low costBientôt de petits prix, ŕ Marseille pour commencer.
Seuls les lecteurs du quotidien La Provence l’ont vue jusqu’ŕ présent : une publicité comme Air France n’en avait jamais faite, une silhouette d’avion jaune soleil agrémentée d’un brin de lavande et de quelques silhouettes de cigales. Et un prix, un tarif qui saute aux yeux, 80 euros TTC l’aller simple vers 30 destinations au départ de Marseille Provence. Et, pour ętre précis, ce qui est dit plus discrčtement, au départ de l’aérogare low cost MP2, au demeurant moins spartiate qu’on ne l’imagine. En chaussant de bonnes lunettes (mais c’est de bonne guerre), on peut aussi lire une précision en trčs petits caractčres, Ťtarif ŕ partir de, hors frais de service, soumis ŕ conditionsť, ŕ partir du 2 octobre, hors vacances scolaires.
Voici donc l’entrée en scčne d’Air France low cost, la Ťbaseť provençale sur le point de devenir réalité, arme secrčte pointée vers Ryanair et EasyJet, contre-attaque qui se veut décisive, ŕ moins, bien sűr, qu’elle ne soit un combat de la derničre chance. Curieusement, les hasards de l’actualité étant parfois ingrats, la commercialisation de ce tarif unique ŕ 80 euros commence au moment-męme oů la compagnie, confrontée ŕ des résultats commerciaux décevants, annonce son intention de réduire quelque peu la voilure. Pour tout dire, Air France ne se porte pas trčs bien, surtout si l’on regarde du côté de la bourse.
Fort heureusement, les voyageurs, oů qu’ils aillent, n’ont cure du CAC 40. Seuls les bons tarifs retiennent leur attention, Ťbonsť signifiant évidemment Ťbasť, trčs bas, le plus bas possible. D’oů l’avion jaune, la lavande, les cigales, l’espoir d’un million de passagers annuels supplémentaires qui traverseront MP2 pour d’embarquer vers des destinations qui, pour certaines, sont nouvelles. Précédemment, Air France ne desservait pas Athčnes, Casablanca, Copenhague et Istanbul au départ de Marseille.
Ce tarif unique de 80 euros est-il suffisamment attractif, entre-t-il bien dans la catégorie mal définie du low cost ? Seuls les résultats obtenus le diront, sachant que la proposition a le mérite de l’honnęteté, malgré cet Ťŕ partir deť un peu gęnant. Dans les cas extręmes, en effet, il est obligatoire de réserver au minimum 42 jours avant la date du départ pour en bénéficier. Mais, aprčs tout, Ryanair et EasyJet, malgré les apparences, procčdent ŕ peu prčs de la męme maničre.
ŤLať question qui est posée est tout autre : il s’agit de savoir si cette contre-attaque d’Air France peut réussir, porter ses fruits, permettre une reconquęte de parts de marché et ętre reproduite sur d’autres aéroports régionaux. Les avis sont partagés et l’expérience sera suivie avec d’autant plus d’attention. En effet, la démarche commerciale elle-męme mise ŕ part, il s’agit de savoir si les coűts d’exploitation liés ŕ cette délocalisation de personnels navigants et d’avions seront suffisamment réduits pour permettre d’atteindre une rentabilité réelle. Et, dans le męme temps, il faudra vérifier si deux modčles économiques fondamentalement différents peuvent cohabiter au sein d’une męme compagnie.
On a pu constater récemment qu’Air Berlin, qui s’est dotée d’un modčle hybride, se heurte ŕ de graves difficultés. Nous l’avions ŕ peine écrit que les dirigeants de Vueling nous ont fait remarquer que, eux, réussissent bien, obtiennent de bons résultats. Dont acte, ŕ une nuance prčs : Vueling maîtrise visiblement bien sa stratégie, bénéficie d’un fort taux de croissance et n’a pas juxtaposé deux maničres de faire sous la pression de la concurrence. Dans ces conditions, c’est un peu moins difficile.
Air France low cost agit dans un tout autre contexte. Sans y faire la moindre allusion, elle avoue implicitement que la vocation de sa filiale Transavia relčve bel et bien de ce qu’on appelait jadis les charters (elle est la réincarnation d’Air Charter International), acheminant des vacanciers vers les plages du sud. Ici, tout au contraire, ici, il s’agit de sauvez les meubles, face aux agressions commerciales répétées de concurrents qui n’existaient tout simplement pas il y a moins de 20 ans. Et qu’Air France n’a pas vu venir puis a longtemps sous-estimés. La voici aujourd’hui face ŕ la réalité.
Pierre Sparaco - AeroMorning

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