Ce numéro 6 de SIPAY a choisi pour thème la poésie, cette « manière d’écrire différente de celle de tout le monde » comme le dit si justement l’éditorial de Daouda TRAORE.
Il s’ouvre d’abord sur ses deux rubriques traditionnelles de « mise en lumière » : « Poète invité » qui, ici, nous donne une interview du poète italien Paolo PEZZAGLIA par la responsable de la revue, Maggie FAURE-VIDOT, et « Lumière sur » consacrée au poète seychellois élégiaque et engagé Daniel ALLY.
Ensuite viennent plusieurs auteurs, comme toujours d’horizons fort divers, parmi lesquels les Seychellois Venida MARCEL (« Seychelles […] our little poetic paradise »), Yannick SAVY (« Si tu ne vois pas mes larmes, c’est parce qu’elles coulent à l’intérieur »), Maggie FAURE-VIDOT « Le lendemain / Matin / Revoici mes abeilles / A la recherche de leur miel ») et Aline JEAN (« Words alive / When the poem cheers / Words so simple but sweet »), les excellents Français François TEYSSANDIER (« Ce qui échappe à l’emprise / Du temps dans la mémoire / Obscure des pierres » ; « Mots indociles / Comme l’âme rebelle / De ceux qui portent terre / Et ciel sur leurs épaules / Et brandissent leurs poings vers le soleil ») et Patrick JOQUEL (« Des instants où le voile semble se déchirer. Où je crois surprendre. Comme un secret. « Voir ce que l’homme a cru voir »…Rien de moins. Rien de plus. »; « Des feux de camp. Pour taveler l’obscur. Jalonner des itinéraires émus. Bivouaquer aux haltes de la stupeur. » ; « Tant d’images. Tant de sensations. D’ouvertures. Lire un poème, c’est parier sur l’intelligence d’être. C’est jouer le réveil total. Vivre la vie haute. »)
Le Réunionnais Teddy IAFARE-GANGAMA pour qui la poésie est sons et sens (« Je fonnkérise ce qui vient du fond » ; « Maloya, je crie ton nom, fais évader mon être / et rassemble mes esprits / Disperse donc mes morts et fais entendre / leurs cris » ; « Je ne joue pas, je ne clame pas, je ne sais même pas aligner deux notes / Je fais juste un peu pas comme les autres »), le Congolais (RDC) Harris KASONGO (« Cure cure encore ces broussailles / Où règne l’obscurité / Habille-nous de ton manteau pur / Ô Poésie / Tu es SAGESSE »), la Canadienne Francine MINGUEZ (« mes mots se creusent / comme des rides sur les plaines »).
Ce numéro fort riche se conclut par un récit en prose de l’auteur français Maxime LEJEUNE, car, désormais, SIPAY se veut non plus seulement une revue poétique, mais une revue littéraire, dans la pleine et entière acception du terme. Une ambition qui ne peut qu’apparaitre prometteuses, et que nous saluons.
Voici, pour finir, un pathétique et touchant poème en créole seychellois que je vous invite à savourer :
EN ZENFAN INOSAN
I get son paran
avek en regar trouble
zammen in war en moman
trankil pou li viv ere
son lizyé ranpli avek larm
ki koul tousel
son paran i dispit
komsi i pa egziste
pou son laz wit an
i tro pou anmen lo son zépol
I pa kapab konsantre lékol
I imazinen si son paran
pou dispit ankor tanto
si zis papa ti aret fer dezord
dan lakour
tou keksoz ti pour diferan
tou lezour i pry Bondié
ki enzour i a annan
lapé ek lanmour
dan son fwayé
Venida Marcel (page 13)
P. L