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Témoignage d'un revenant des affres de l'alcool

Publié le 07 septembre 2011 par Pascaletfred

W Industriel  reconnu, Jean-Luc Dabi témoigne de sa longue plongée dans l’alcool. Il dit tout de sa dépendance, de son ivresse, de ses malaises. Aujourd’hui libéré de ses démons il poursuit le combat auprès des Alcooliques Anonymes. Extraits.
“Beaucoup d’amis m’ont demandé pourquoi j’étais devenu alcoolique. Je ne savais pas très bien. J’étais mal dans ma peau, je ne voulais pas être moi, je voulais être quelqu’un d’autre. J’étais en fait trop timide, trop sensible, trop susceptible, trop complexé, trop…  En fait, je buvais parce que l’alcool avait un effet très fort sur moi. Après un ou deux verres, mélangés à plusieurs antidépresseurs, j’étais tellement enivré que j’avais toujours envie d’en boire plus, pour rester tout le temps dans cet état irréel et envoûtant. Je n’étais soudain plus complexé, je passais instantanément du complexe d’infériorité au complexe de supériorité. Ce qui avait pour conséquence de déstabiliser les gens autour de moi, car ils ne comprenaient plus si j’avais besoin d’affection ou d’un bon coup de pied au cul. (…)
J’ai la sensation de peser quatre fois mon poids, d’être carrément encastré dans mon matelas. Mais qu’a-t-il bien pu se passer pour que je sois dans cet état ? J’ai l’impression d’être aux portes de l’enfer. J’ai tellement mal à la tête que je sens mon cœur battre à l’intérieur, comme si l’on me frappait le crâne à coups de massue ! (…) Il faut que je sorte du lit, sinon, c’est sûr, je vais crever là, comme un chien, englouti dans un sommeil de marbre. Je ne sais pas combien de cachets et de verres d’alcool j’ai pu avaler la nuit précédente pour être dans cet état lamentable. De toute façon, je m’en fous… Il y a bien longtemps que je ne compte ni ne contrôle plus ma consommation d’alcool et de barbituriques. J’en ai trop besoin pour survivre, pour supporter chaque instant de mon existence. (…)
« La souffrance comme une pieuvre géante »

Mon angoisse est tellement forte que j’ai du mal à respirer sans ressentir une puissante douleur au niveau des poumons et du sternum. Avoir perpétuellement la gorge serrée et la bouche desséchée semble être devenu mon pain quotidien. Peut-on pour autant s’habituer à la souffrance, aussi familière soit-elle ? Je ne sais pas. Je ne crois pas. En tout cas, en ce qui me concerne, je ne m’y suis jamais réellement habitué. J’ai toujours tenté de lui résister, de me débattre, de vendre chèrement ma peau, d’être pour elle une proie difficile.  (…)

« Assez saoul pour ne pas voir la réalité »
Assis dans le fauteuil, je commence petit à petit à reprendre mes esprits, ce qui ne présage rien de bon : un alcoolique est en très mauvaise compagnie avec lui-même, particulièrement quand il retrouve ses esprits. En fait, le problème est qu’un alcoolique n’est vraiment bien que lorsqu’il est assez saoul pour ne pas voir la réalité, pour ne pas être écrasé par le poids imaginaire de son quotidien. Alors, s’il y a une chose qu’il ne veut surtout pas reprendre, c’est bien ses propres malheureux esprits ! En l’occurrence, je dois reconnaître que je n’étais pas mécontent de revenir à la réalité, pour une fois. Cela signifiait que je n’allais pas mourir, pas maintenant du moins. (…)

- Brumes matinales, de Jean-Luc Dabi, aux éditions Piktos, 19,50 €.


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