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En 2012, toujours ce risque d’incendie, et personne pour l’éteindre ?

Publié le 07 septembre 2011 par Mister Gdec

En 2012, toujours ce risque d’incendie, et personne pour l’éteindre ?Crédibilité politique des partis traditionnels et attentes des  milieux populaires ne se rencontrent (définitivement ?) plus…  Pour leur répondre, il  n’y aurait plus que le FN ?  En effet, s’il y avait un marché politique national, les français les moins fortunés ne seraient plus clients ni de l’UMP ni du PS, selon l’ouvrage dont il est question dans ce billet… . Le FN, seule solution pour eux,  dans ce cas ?

 Pour moi, c’est niet. Une autre gauche, un autre projet sont possibles. Et nécessaires de toute urgence. Sous peine de perdre les futures élections. Et notre âme. Et une partie de nos compatriotes… Si ce n’est pas déjà trop tard.

En 2012, toujours ce risque d’incendie, et personne pour l’éteindre ?
Chez les blogueurs politiques de gauche, l’un des termes du constat est connu. Il fait suite notamment à la parution du Président des Riches, il y a maintenant près de deux ans, un travail sociologique sur les rapports de connivence entre les politiques et la nomenklatura économique et médiatique, symbolisée par les fameux dîners du Siècle. Il semble donner un corps intellectuel à l’impression maintes fois entendues dans les discussions de bistrot selon lesquelles ils (les politiques, tous bords confondus) seraient tous pourris, ou tous vendus, selon les cas. Bien sûr, cet avis n’est pas le mien.

 Pourtant, un nouvel opuscule, gratuit et téléchargeable sur le site de la Fondation Jean Jaurès, vient enfoncer le clou, dans une direction plutôt inattendue en termes d’analyse politique des intentions de vote des milieux dits populaires aux prochaines présidentielles.

 Le point de rupture – c’est son titre – dont les deux auteurs, Alain Mergier et Jérôme  Fourquet,  sont pour l’un sociologue et pour  l’autre sondeur,  a pour originalité d’offrir au lecteur un tableau dans lequel il y aurait une offre politique que l’on pourrait calibrer d’un côté en termes d’offres, et des attentes d’électeurs de l’autre, potentiellement saucissonnables en tranches,  que l’on pourrait qualifier de demandes… Or, selon cette analyse,  les partis politiques traditionnels ne permettent plus aux couches populaires d’obtenir la satisfaction de leurs propres attentes politiques fondamentales. Car contrairement à ce que s’ingénient à nous faire croire les experts politiques libéraux de tous poils, les français ne veulent pas moins, mais plus de politique. Et surtout, plus de projets !  Qu’on réponde enfin concrètement à leurs attentes fondamentales : selon les enseignements de cette enquête, essentiellement de plus de sécurisation, à tous les niveaux et les registres de leur vie quotidienne.

 Aussi risquent-ils de se détourner du PS comme de l’UMP, et de se diriger vers des partis qu’ils considèrent,  à tort ou à raison, comme plus à même de prendre en compte leurs demandes, surtout parce qu’ils rompent avec le discours libéral convenu de part et d’autre… et son cortège de règles d’or dont on perçoit confusément qu’il ne sert que les intérêts des plus riches, laissant aux autres l’austérité. Difficile de ne pas leur donner raison. Ainsi, les seuls intérêts des banques, du système financier  et des grands chefs d’entreprises n’ont-ils pas été privilégiés pendant la crise au détriment des plus modestes d’entre nous, qui voyons s’abattre sur nos têtes des taxes sans queues ni tête et des déremboursements à n’en plus finir ?

 C’est pourquoi les milieux populaires considérés par le travail de ces deux auteurs considèrent-ils dans leur grande majorité qu’il y a rupture du pacte social dans la mesure où la société française n’est plus en capacité de maintenir l’ascenseur social en état de bon fonctionnement. En effet, « ils craignent de vivre moins bien demain et ont surtout peur que leurs enfants aient une vie plus difficile que la leur ». On ne peut guère les contredire pour l’instant, si rien ne change, et que l’on va dans la même direction sociétale… ce qui semble bien être le cas si les pronostics sondagiers se confirment, et nous conduisent à voir quelqu’un comme Hollande (lien vers TSH) ,  hélas, élu, sous prétexte que ça ne peut pas être pire que Sarkozy. Ne risque-t-il pas pourtant de se montrer à l’usage comme un autre Président des riches, simplement un peu plus convenable dans ses manières ? J’aurais alors eu raison d’exprimer, au nom de tous les miens,  ma crainte que la gauche nous trahisse encore une fois… Car ce serait précipiter les voix populaires vers le Front National. Une autre gauche, qui répondrait davantage à leurs aspirations, plutôt qu’à un pseudo principe de réalité discutable, est possible.

 « La sortie de crise n’apparaît alors pour les milieux populaires que comme une figure de communication politique sans aucun rapport avec la réalité actuelle ni avec la marche du monde ». Les politiques sont  considérés comme des beaux parleurs et des menteurs qui entretiennent cet état de faits avec une connivence de plus en plus évidente avec les profiteurs du système, « cette injustice par le haut », qui ne sont pas forcément du fait des seuls assistés (« Ce sentiment d’injustice par le bas ») dénoncés par Wauquiez à des fins purement électorales de bas étage  :

 « L’injustice apparaît aujourd’hui moins liée aux inégalités qu’aux détournements du fonctionnement social. Les milieux populaires détestent les tricheurs, les profiteurs, ceux qui, selon eux, ne jouent pas le jeu. »

 « …la figure des tricheurs et profiteurs économiques et la corrélation entre enrichissement des uns et appauvrissement des autres ruinent l’idée même de ce pacte  » et cela « Alors que les médias annoncent des résultats historiques pour les entreprises du CAC 40 » comme les banques , sauvées par l’Etat pendant la crise financière mais qui n’ont  pas contribué, en échange, à la relance de l’économie selon les milieux populaires.

 « Tricheuses, donc, les banques qui n’ont pas joué le jeu. Tricheurs, Total et les distributeurs qui, manifestement, se portent très bien alors que le coût des carburants et les prix alimentaires flambent. […] Fin 2010 et début 2011, les milieux populaires parviennent à la conclusion qu’il y a sortie de crise pour les puissants et aggravation de la crise pour les autres ». (…) Ah bon, ce n’est pas le cas ?

Les électeurs que nous avons rencontrés jugent les hommes politiques de gauche trop tièdes face à la mondialisation et ceux de droite trop impliqués dans ses intérêts. L’Europe manque à sa place. Par mollesse, elle expose la France au lieu de la protéger dans un monde de guerre concurrentielle, elle l’affaiblit par sa monnaie au lieu de la renforcer pour affronter le géant « tricheur » qu’est la Chine aux yeux des milieux populaires. (…)

Pour que la différenciation gauche / droite soit pertinente, il faut que les différences puissent s’exprimer.(voilà qui donne un autre éclairage que celui rendu obligatoire par certains sur la notion de vote utile…).  « Même s’ils n’étaient pas semblables, cela ne changerait rien, cela revient au même puisqu’ils sont les uns comme les autres frappés par la triple confiscation du pouvoir par les marchés financiers, les contraintes européennes et la dette ».

 Pour autant, la politique comme mode d’action sur la réalité ne fait pas l’objet de rejet de la part des milieux populaires. Les catégories populaires sont bien loin d’abandonner tout espoir politique, contrairement à ce que les discours d’experts répètent avec une certaine insistance.

Les Français et, de façon plus prononcée, les milieux populaires nourrissent une attente forte envers la politique et ont, en même temps, une image négative du personnel politique et de ses possibilités d’agir.

La question centrale devient donc : en quoi les offres politiques se distinguent-elles dans leur capacité à reprendre sinon le pouvoir du moins du pouvoir sur l’association marchés financiers / Europe / dette ? Il y a alors deux catégories d’offres politiques : celles qui rendent la sortie de l’impuissance politique envisageable, et celles qui ne le font pas.

… le rétablissement du pouvoir politique est possible. Ce rétablissement est non seulement possible, mais il est nécessaire. Il constitue la condition sine qua non de la crédibilité de l’offre politique.».

Voilà qui devrait donner matière à réflexion chez mes collègues blogueurs socialistes, aux visées hégémoniques, qui contribuent par leur positionnement à rendre valable le constat du think tank socialiste Terra Nova sur la nécessité pour le PS  de s’adresser aux bobos plutôt qu’aux couches populaires qui les auraient définitivement abandonnées. Ma démarche, comme celle de tous les militants de l’autre gauche,  est de tout faire pour convaincre qu’un revirement est possible. Et souhaitable. Dans l’intérêt de toutes les catégories socioprofessionnelles qui se reconnaissent dans une certaine vision humaniste de la société et la défense des intérêts des plus démunis, envers lesquels notre attention devrait se porter en priorité, parce que les effets de l’austérité prétendument nécessaire sera plus cruelle pour eux que pour quiconque, et qu’ils ne sont pas idiots au point de ne pas s’en rendre compte… .

 Il nous faut agir, vite, avant qu’il ne soit trop tard.

 Une autre gauche est possible.

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