Le maître mot actuel pour tout qualifier est invariable. Ainsi, que l’on coure en pointes sur un tartan, en crampons derrière un ballon, où que l’on discoure sous les ors de la République, tout n’est qu’austérité. Rien que cette nuit, la copie rendue par les footeux en Roumanie est aussi pâle et étriquée que celle laissée par nos parlementaires statuant sur le milliard à dégager dare-dare et préserver ainsi le triple A.
Mon rythme à moi est encore un peu ralenti, mais petit à petit, je retrouve les réflexes : écouter, lire, suivre les candidats à la primaire socialiste et les autres, surtout les autres… Ce n’est pas encore un marquage «à la culotte», mais on s’y approche, parce que les échéances arrivent, et qu’il faudra bien, le moment venu, choisir en connaissance de cause.
Certains défendent depuis longtemps leur poulain ou pouliche. Certains vont même jusqu’à les rencontrer, mais à l’heure de la communication quasi intrusive, ce n’est plus guère utile. J’ai personnellement souvent été déçu des rencontres avec des personnalités, sourire «Ultra Brite» à tous les étages, trop soucieuses de leur image globale, mais oubliant simplement de vous regarder dans les yeux au moment de vous serrer la pogne. Ne serait-on qu’un bulletin parmi d’autres dans une urne ?Concernant les candidats à la primaire socialiste, mon choix n’est pas encore fait. Mais l’un d’eux est déjà hors-jeu. Invité mardi du Grand-Journal de Canal, Manuel Valls n’a pas résisté longtemps au jeu des questions-réponses de la pourtant bien fade Arianne Massenet. Que l’on ne connaisse pas le vainqueur du dernier Tour de France, voire même le montant annuel de la Redevance de l’audiovisuel (j’en suis tout autant incapable, bien que travaillant au Ministère des Finances…) ne me semble pas bien important. Mais que le premier Magistrat d’un ville d’un peu plus de 50.000 âmes méconnaisse le nombre d’écoles maternelles dont il a la charge me sidère. Pire, hésiter visiblement embarrassé et avancer au hasard un ordre de grandeur comme «une dizaine» montre, outre sa méconnaissance du tissu social, son détachement de la chose publique et de sa mission d’élu au service de la collectivité. Pour la petite histoire, il y en a 17.
J’hésite entre «fin de partie», et «carton rouge». A ce niveau, ne pas se rendre compte que 10 écoles maternelles pour 50.000 habitants est un nombre particulièrement ridicule, c’est… irresponsable, et indigne d’une personnalité briguant les plus hautes fonctions de l’Etat. L’école doit être placée au centre de la société. Elle a certes un coût, mais c’est sur elle que se bâtit un pays. Un des tout premiers facteurs d’exclusion est le manque d’instruction. Comment, en grand professionnels que sont nos personnalités politiques actuels, peut-on être sec sur ce genre de sujets ?
En fait, cette élimination n’est pas vraiment une surprise. Bien à droite de la gauche au point d’empiéter presque entièrement sur son voisin, Manuel Valls exprimait des idées souvent proches de l’UMP, assez loin de l’esprit redistributif et régulateur attendu par le peuple de gauche. Pourtant, il a le mérite de soulever des problématiques peu abordées dans son camp, comme la sécurité et l’immigration, assez souvent éludées par le PS qui se contente de critiquer sans vraiment aborder le fond. Pourtant, des réponses humanistes sont possibles, et j’en reparlerai bientôt. Inutile de se cacher derrière son petit doigt : l’élection de 2012 se fera presque exclusivement sur ces sujets. Ils mobilisent plus que la crise. Le preuve ? Pas de mobilisation, pas de grève en vue. Le calme plat.
J’attends la tempête. Je m’y prépare.