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Max | Nous tous

Publié le 07 septembre 2011 par Aragon

la-foule.jpgNous tous : tous différents, tous uniques, tous multiples, tous avec des vies, tous avec des valises au bout des bras, des putains de valoches bien lourdes, tous avec des questionnements, des inquisitions, des pots de miel offerts, tous avec des peines, des blessures, des brûlures, tous avec des béquilles, tous avec des sparadraps et des bandes Velpeau, tous avec des ailes d'ange, tous avec des cornes de diable, des bicornes ou des bérets, chevelus ou rasés, tous avec des espoirs,  tous avec d'absolues potentialités, tous si souvent fauchés mais si riches, tous avec des regrets, tous aimant les lignes brisées & courbes & tordues, alors que certaines lignes droites s'offrent librement à nous, nous tous amoureux de la vie, nous tous amoureux de l'amour, tous vivants et bien vivants, tous ronchonnant, tous se questionnant, tous en recherche, tous volontaires, tous s'enfuyant, tous revenant, tous amours, tous casse-couilles, nous tous paumés, ravis, fêlés, tarés, unis, formidables et passionnés, nous tous petits bébés vagissants, gueulants, chiants, adorables, capables de tout : du meilleur et du pire, nous tous, fuyant facilement, se barrant à Beauvais, à Bordeaux, à Nancy, à Futuna, au Guatemala, à Ouagadougou,  à Tristan da Cunha, où sais-je ? Revenant ensuite, présents, toujours debout,  nous tous arcs-en-ciel, météores, tonnerres assourdissants, pluies de printemps, soleil, nous tous limaces, buffles, tigres, goélands, mouches à merde, nous :  hélas trop souvent apprentis- sorciers à défaut d'être d'apprentis-hommes,  nous tous essayant pourtant, nous tous pour la vie, nous tous entremêlés, enchâssés, entrecroisés, nous tous prêts à mourir pour la bonne cause, la seule qui vaille : l'amour, nous tous différents du pire se rapprochant du meilleur sans jamais vouloir pourtant - par défi - l'enlacer, nous tous profondément unis malgré nos engueulades, nos apparentes différences, nos sociétés, nos frontières, nos mondes parallèles inconnus bizarres et inquiétants, ce qu'on appelle "le territoire de l'autre", nous tous merde, merde et double et triple merde : nous tous membres, c'est à dire bras et jambes et coeurs et couilles et vulves et poumons et rates et foies de la grande race des hommes, nous tous grands, très grands, immenses, ridiculement petits aussi, on n'est pas à un paradoxe près sur Terre, nous tous unis à la vie à la mort et merde, merde et double et triple merde et vive nous et vive le théâtre de la vie, de la mort, de l'amour, du questionnement multiple et sans fin, notre théâtre sans pain aussi, qui ne nous nourrit pas mais qui nous sauve, mieux que ça qui nous fait vivre et merde et merde, foutez le camp, foutons le camp, cachons-nous derrière nos petits doigts, faudra bien revenir un jour et la jouer cette pièce, cette pièce unique qui n'est pas encore écrite... qu'est-ce que j'aime la vie, oh ! merde alors, qu'est-ce que j'aime le théâtre de la vie, qu'est-ce que je vous aime !

illustration "la foule" © Camille Le Roux


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