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Le 11 septembre et les mensonges de l’administration Bush sur l’Irak

Publié le 08 septembre 2011 par Rhubarbare

Le Nouvel Obs publiait hier un article extrêmement audacieux pour un journal mainstream: 11 septembre, les questions en suspens. L’article reconnaît que “Le rapport de la commission nationale sur les attaques terroristes contre les Etats-Unis, publié le 22 juillet 2004, considéré comme bâclé par beaucoup de familles de victimes, n’a pas répondu aux questions de ceux qui s’interrogent encore sur le déroulé de cette journée”. Néanmoins cette ouverture est rapidement recadrée deux lignes plus bas: “Dix ans après, les recherches n’ont pas révélé la moindre trace de complot”. L’article ne mentionne évidement pas de quelles recherches il pourrait s’agir (à moins que la langue de bois politiquement correcte soit synonyme de “recherche” aux yeux des auteures) mais ose (est-ce une bévue de l’éditeur?) faire remarquer en passant que “A 100 mètres, une troisième tour, dite tour n° 7, s’écroule aussi sans qu’aucun avion ne soit venu s’y encastrer”. Ensuite plus rien bien sur sur cette tour, dont la chute (le fait qu’elle chute ainsi que la manière dont elle a chuté), hors éléments surnaturels, n’est explicable que par une démolition contrôlée. Mais cela, n’est-ce-pas, c’est de la “théorie du complot” donc par définition irrecevable, peu importe les faits. C’est pratique, les définitions.

L’article pose néanmoins deux bonnes questions, fortement liées: La CIA aurait-elle pu empêcher les attentats, et l’invasion de l’Irak était-elle déjà prévue ante-11 septembre et n’attendait qu’une bonne occasion pour démarrer? L’article laisserait plutôt entendre que oui, se basant notamment sur l’hypothèse de Richard Clark, ex-conseiller sécurité de Bush père, de  Clinton et de W. Bush jusqu’en 2003, auteur de “Against all ennemies” – au fil duquel on comprend que W. Bush et sa clique (Cheney, Rumsfeld) font partie des “all ennemies” de l’Amérique… Clark a dit récemment qu’il supputait que la raison pour laquelle la CIA n’a rien dit est qu’elle avait tenté, sans succès, de recruter des agents doubles au sein d’Al-Qaïda et ne voulait pas ébruiter l’affaire. Et si la CIA n’a rien dit, c’est parce que son chef George Tenet l’a ainsi voulu. Quels agents doubles? Et bien la CIA suivait depuis janvier 2000 deux membres connus de Al-Qaïda, Nawaf Alhazmi et Khalid Almihdhar. Ces deux personnages assistaient à l’époque à une réunion “secrète” de Al-Qaïda en Malaisie, avant de s’introduire quelques jours plus tard aux USA. Au vu et au su de la CIA qui ne prévint pourtant personne: ni le FBI qui aurait pu les filer, ni l’INS qui aurait pu les empêcher de pénétrer en territoire américain. Ces deux personnages purent vivre tout à fait normalement et même suivre des cours de pilotage jusqu’au matin du 11 septembre 2001, lorsqu’ils embarquèrent à bord du vol AA 77 pour le crasher sur le Pentagone. Ceci selon la version officielle bien sur. Et Clark, alors chef du contre-terrorisme sous W. Bush et en lien direct avec Tenet, de dire aujourd’hui que si la CIA lui avait annoncé la présence de Alhazmi et Almihdhar même quelques jours avant le 11 septembre il aurait eu le temps de les retrouver et de les arrêter.

Attardons-nous un instant sur Dick Cheney dont les mémoires viennent de paraître sous le titre “In My Time: A Personal and Political Memoir”. Pour Glenn Greenwald de salon.com, “Dick Cheney se promène dans le pays vantant ce fumeux, sensationnaliste, auto-glorifiant ouvrage, en fait profitant ainsi de ses crimes et en même temps laissant penser que ce genre de politique est parfaitement légitime. Et c’est cela l’héritage le plus nuisible de toute cette période”.  Par “genre de politique” il entend l’invasion injustifiée de l’Irak, le montage du faux dossier des armes de destruction massive, l’usage de la torture et de Guantanamo, etc… En face, le Colonel Lawrence Wilkerson, ancien Chief of Staff du secrétaire d’Etat Colin Powell jusqu’au départ de ce dernier. Wilkerson reconnaît avoir participé à l’élaboration du document présentant les “preuves” de l’existence d’armes de destruction massive en Irak et de la supposée jonction entre Saddam Hussein et Al-Qaïda, sur base de faux rapports produits par le chef de la CIA de l’époque George Tenet. Wilkerson parle de cet épisode comme la pire erreur de sa vie mais il défend Colin Powell contre les attaques à peine voilée que profère Cheney à son encontre. Powell, comme on le sait, ne croyait pas vraiment à ces histoires mais il n’avait pas de matière objective à opposer aux supposées ”preuves” fournies par la CIA. Pour Cheney, Powell ne faisait pas son job (servir le Président) en se permettant de douter de la stratégie définie par Bush, Cheney, Rumsfeld & Cie. Pour Wilkerson, Powell a tout fait pour tenter de sortir de ce piège, malheureusement sans succès. Aujourd’hui Wilkerson demande la mise en examen de Bush et de Cheney pour crimes commis pendant l’exercice de leurs fonctions, et se dit prêt à témoigner quitte à en subir toutes les conséquences.

Il est évident que la polémique autour des évènements du 11 septembre a deux faces: d’une part la réalité physique de la chute des tours (voir de l’attentat contre le Pentagone), qui conditionne l’existence ou non d’un complot associant une attaque terroriste à la démolition volontaire des 3 tours; d’autre part la réalité politique visant à justifier par tous les moyens l’invasion déjà prévue de l’Afghanistan et – surtout – de l’Irak. Et par delà, la mise en oeuvre de ce que l’on a appelé la Doctrine Bush: attaques préventives, domination militaire, démocratisation forcée du Moyen-Orient et défense des intérêts néo-capitalistes. Des centaines de livres et articles, des dizaines de documentaires ont été produits sur ces sujets. Le doute est durablement installé dans l’esprit de très nombreux américains, et il est majoritaire dans la plupart sinon tous les pays d’Asie. En Europe c’est plutôt variable, le degré de doute semblant assez proportionnel au degré de liberté de la presse. La France est clairement dans le bas du classement, le fait d’oser défendre publiquement la possibilité d’un “complot” du 11 septembre (c’est à dire d’une version autre que la version officielle)  faisant ici courir le risque de l’assassinat médiatique.  Ce qui relève d’une posture pathologique des médias français qu’il serait en soi intéressante d’étudier.

A un niveau plus fondamental, le 11 septembre marque l’émergence d’un nouveau monde dans lequel les intérêts particuliers ont repris le dessus sur l’intérêt général. Les défenses de cet intérêt général que furent les institutions et le jeu démocratique au sein des pays dits libres n’ont pas disparu, mais leur contrôle est tout simplement passé aux mains de ces intérêts particuliers que sont les banques, les grandes multinationales, les grands spéculateurs. Ces entités partagent une vision prédatrice du monde et ont engendré ce que l’économiste Galbraith appelle ”l’Etat prédateur“. Ce processus avait bien sur démarré avant le 11 septembre, mais cet évènement fut le catalyseur qui, dix ans après, fait que nous subissons toujours des LOPPSI et autres perversités policières au nom de la sacro-sainte “sécurité”. L’onde porteuse de cette régression planétaire au profit d’une petite élite est la peur, grâce à laquelle on peut imposer tous les contrôles: on justifie d’abord le gendarme omniprésent par la peur du terroriste (symbolisé par le 11 septembre) et ensuite on justifie de facto tout le reste grâce à la peur du gendarme. Ou plus subtilement par la peur de la perte d’emploi, de devenir vieux, de ne pas pouvoir s’acheter une Rolex à cinquante ans. La justification intellectuelle de cette régression est l’idéologie néo-capitaliste, sur laquelle je reviendrais très prochainement.

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