1316
Si volontiers prendrais parfois jambes à mon cou
Fuyant éperdument la foule et ses basses besognes
Elevant visage ruisselant de pluie froide
Vers nus sommets d’où laisser voguer pensées en vrac
*
Parfois nuit en kit se passe à remonter les pièces
D’un puzzle disjoncté à la faveur des orages
Chaque heure affiché au cadran d’horloge
Passe avec lenteur dans les brumes de rêves à peine ébauchés
*
Matin faut se soulever
Corps en ruine d’avoir attendu vaine étreinte
Temps passé dans l’inutile course
Infligée en punition de n’avoir pas été ceci ou cela
*
Dis
Papa
C’est quoi un écrivain célèbre
.
Et tu lèves ton minois
Venant te percher sur genoux accueillants
.
C’est quelqu’un que d’autres admirent
.
Ha
Alors tu es un écrivain célèbre
.
La célébrité ne se juge pas toujours
Du vivant de celui qui écrit
Fils
.
Au loin une voix maugrée
.
Tu ne t’imagines pas en écrivain célèbre
Au moins
.
Avec insistance sur le
Au moins
.
Qui peut savoir de quoi demain
Six pieds sous terre
Sera fait
Et faut-il avoir moindre ambition
Ou folle présomption
.
Ou écrire sans soucis de rien
Pour le bonheur de se lever matin
Parfois mutin
Parfois extirper mots de la gangue de sommeil
Qui ne saurait s’attarder sans mettre en péril pitance
*
Parfois l’œil rigolard vient aux côtés de la plume
Il se tait
Déchiffrant mots par-dessus épaules
.
Encore tu écris
Puis s’enfuit
Avant même moindre réponse
*
Chaque jour est un mystère
Que vaut la trace
.
Manosque, 29 juillet 2011
©CopyrightDepot.co 00045567