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Sortir de la tour avant qu'elle ne s'effondre

Publié le 10 septembre 2011 par Edgar @edgarpoe

Difficile de choisir un sujet européen en ce moment tant ils se bousculent.

Tout donne l'impression de s'effondrer et on ne voit pas comment accorder plus d'importance à tel ou tel élément.

Les taux grecs à un an  atteignent presque 100%, ce qui est intenable. Le graphique ci-dessous est spectaculaire.

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 Les allemands refusent tout système de mutualisation des dettes européennes - ils ont raison. Cela ne ferait que renforcer l'ampleur de l'explosion future : personne n'est capable d'assumer ce que signifierait la création d'un état européen capable de gérer un budget fédéral européen de taille suffisante pour faire compenser, par les pays à faible inflation, l'implacable handicap de compétitivité qu'accumulent les pays à forte inflation, du fait du carcan qu'est l'euro.

Merkel a donc réaffirmé il y a deux jours qu'il n'y aurait pas d'euro-obligations.

La situation est grave au point que  Trichet a laissé entendre que la BCE pourrait prochainement baisser ses taux d'intérêts.

Pas de regret pour les pro européens. L'Union européenne ne sert à rien.

 Pendant que l'euro s'effondre, la Commission s'occupe :

- de rallonger la durée des droits d'auteur sur la musique, en passant de 50 à 70 années ;

- de couler l'Agence France Presse ;

- via la Cour de Justice Européenne, d'autoriser l'importation d'OGM ;

- d'attribuer 3 millions d'euros à des recherches pour alimenter les européens avec des insectes ;

- cherche à obtenir la maîtrise complète des politiques d'immigration ;

- réglemente la consommation électriques des machines à café...

L'euro est-il mort ? Probablement va-t-il agonir encore quelque temps. Une sortie de la Grèce  permettrait de relâcher la pression, mais les problèmes structurels de l'euro reprendraient rapidement.

La fin de l'euro affole d'ailleurs de moins en moins. Le Monde et le Spiegel ont publié des  articles de Joachim Voth, directeur d'une revue européenne d'histoire économique : " Après l'abandon de l'euro, les Européens se poseront les mêmes questions. Pourquoi avoir perdu plus d'une décennie avec des politiques de taux d'intérêt trop élevés pour certains, trop bas pour d'autres, provoquant d'incessants mouvements de croissance et de récession ainsi qu'un endettement intenable et, au bout du compte, des effondrements bancaires ? Pourquoi avoir digéré tous ces programmes d'austérité et tous ces plans de sauvetage avec, en définitive, si peu à gagner  ? Présenté aux électeurs comme une politique dépourvue d'alternative, l'euro est en fait un arrangement monétaire mal ficelé tenant plus d'un symbole politique que d'un outil économique sérieux."

  Patrick Artus et Natixis ont publié plusieurs notes montrant que le Royaume-Uni allait pouvoir bénéficier prochainement de la liberté de la livre par rapport à l'euro, et que si l'Espagne et l'Italie sortaient de l'euro l'effet sur leur croissance serait positif ("L’effet sur la croissance et le commerce extérieur de ces pays serait positif, malgré la forte hausse des taux d’intérêt à long terme, puisque les crédits dans ces pays sont consentis à taux variable et que les taux d’intérêt à court terme resteraient très faibles. Ces pays auraient une inflation persistante, d’abord avec la dévaluation du change, puis en raison de la monétisation des dettes publiques nécessaire en l’absence de prêteurs privés.")

On ne peut pas exclure un coup d'état des souverainistes européens cependant. Jacques Delors, la paire fondatrice, Schaüble et Mario "Goldman Sachs" Draghi souhaitent renforcer "l'intégration européenne", comprendre le contrôle bruxellois sur les politiques budgétaires nationales.

Avant d'aller dans le sens de ces doux dingues, il faudra changer les traités européens a prévenu Angel Merkel.

Là dessus, après le départ d'Axel Weber c'est Jurgen Stark, économiste en chef de la BCE qui claque la porte, marquant l'importance des conflits internes sur la politique de la banque.

Tout peut donc évoluer dans n'importe quel sens assez rapidement.

Je dirais que la sortie de la Grèce est le scénario le plus probable, suivi ensuite d'un éclatement défnitif impulsé par l'Allemagne quand la démonstration aura été faite que cela ne suffit pas - cf. en ce sens un point de vue américain, recommandé par Jean-Jacques Rosa. D'ailleurs l'Allemagne commence à préparer un plan pour aider ses banques exposées à un défaut de la Grèce.

On ne peut exclure cependant l'hypothèse d'un coup d'état des souverainistes européens, décidant de modifier les traités dans l'urgence sans validation nulle part. Comme l'a écrit un blogueur canadien twitté par Alexandre Delaigue, "si c'était ainsi que devaient être créés des "Etats-Unis de l'euro", ce serait probablement le pays le plus détesté sur terre. Par ses propres citoyens."

*

Sur ce, repos. Pas de publication longue ici jusqu'à mercredi prochain. 


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