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Les Romans du Mont Saint Michel de Patrice de Plunkett

Publié le 10 septembre 2011 par Jeunenormandie

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Patrice de PLunkett
Edition : éditions du Rocher
Année : 2011
Pages : 320
Prix : 20,90 €
Le mot est à prendre dans le sens que lui donnait un lointain prédécesseur, un jeune moine auteur vers 1150 du premier guide officiel pour les pèlerins, le Romanz del Munt Saint-Michiel : « roman » signifiait un texte écrit en langue romane et non en latin, donc accessible à toute personne sachant lire et non seulement au savant. C’est que le Mont, qui avait alors six cents ans, attirait déjà des pèlerins de toute l’Europe. Aujourd’hui, ce sont chaque année trois millions de touristes venus du monde entier qui se pressent dans les ruelles étroites et les escaliers taillés dans le rocher, parmi lesquels, comme jadis, d’authentiques pèlerins.
Voici dix ans que Patrice de Plunkett s’est fait l’un d’eux : saisi lui-même par la magie de ce mont-monument unique au monde, et devenu un des ses familiers au fil de nombreux séjours, il sait en décrypter la signification spirituelle, sans prétendre pour autant en épuiser le mystère : son livre-enquête allie toutes les ressources du journaliste et essayiste chevronné qu’est l’ancien co-fondateur et directeur de la rédaction du Figaro-magazine, à l’humilité du pèlerin chrétien convaincu que « le spirituel vient par les orteils ». Le résultat, pressenti dès les premières pages, est tout simplement captivant : les huit « romans » qui composent ce récit à la fois personnel (car l’auteur et de nombreux témoins s’y confient) et historique, sont autant de capteurs de l’irradiation spirituelle qui émane du Mont de l’archange, et de la réceptivité à son rayonnement des hommes de toutes les époques - pèlerins, chevaliers, moines, prisonniers, romanciers, foules mondiales… tous confrontés à la devise michaélienne spectaculairement concrétisée par la nature et par l’architecture de cet îlot : « Quis ut Deus ? Qui est comme Dieu ? ». La réponse à cette question - ou son évitement - scelle la destinée d’une âme mais aussi exprime l’esprit du temps.
Tel est le fil d’Ariane de l’enquête de Patrice de Plunkett : les vicissitudes du Mont Saint-Michel à travers les siècles sont des « marqueurs » des hauts et des bas de la civilisation occidentale, en particulier de sa fidélité à sa mission évangélisatrice. De ce point de vue, après des siècles de décadence qui se soldèrent par la réduction du Mont Saint-Michel à l’état de prison sous tous les régimes, nous voyons poindre la renaissance avec la réimplantation au sommet du Mont de la vie monastique grâce aux moines et aux moniales des fraternités de Jérusalem. Mieux qu’un événement, un avènement : c’est Dieu lui-même qui recouvre son bien pour l’habiter de sa Présence réelle avec ses serviteurs. Au regard de l’extraordinaire attraction que le Mont exerce de nos jours sur des foules de visiteurs qui ne sont plus ou pas encore touchés par le christianisme (dont des marées de touristes japonais), comment ne pas voir dans ce retour et dans cette ré-habitation un signe prophétique du champ ouvert à la nouvelle évangélisation ?


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