S'éloigne lentement dans la profondeur du ciel le vol oblique d'un oiseau qui semble une ombre immobile sur ta rétine.
Le vent gorgé de couleurs se tend comme un arc sonore de lumière.
La brume étouffe des voix inconnues qui s'élèvent vers le ciel et retombent sur les pierres en un crépitement de mots indistincts.
La lumière danse sur le fil du soleil aiguisé comme une lame de couteau.
Mots emplis de sang qui éclatent comme des fruits mûrs au visage du soleil.
Tu attends chaque matin la venue d'une voix inconnue qui viendra remplir ta bouche de mots nouveaux et rugueux.
La nuit met à nu la peau fragile des songes.
S'efface dans les arbres qui parlent avec les ombres et les morts l'ultime vibration sonore de la lumière.
Un aigle heurte le ciel, écarte de ses ailes les versants abrupts des montagnes.
Tu entends dans la nuit comme un sifflement de comètes que la lune accroît de sa clarté.
Les saisons égrènent leurs récits de voyage et répètent chaque jour l'antique clarté du premier feu.
François TEYSSANDIER